Née en 1870 dans une famille bourgeoise et conservatrice de Bologne, Maria Montessori montre de réelles aptitudes aux études et elle a tôt fait de rattraper son retard dû à la tuberculose contracté dans son enfance. Passionnée par les mathématiques et les sciences, elle s’inscrit, contre la volonté de son père, au collège technique Michelango Buonarroti avant de poursuivre de brillantes études au lycée et d’intégrer la faculté de médecine d’où elle sortira major de sa promotion, malgré les nombreux obstacles qu’on ne manquera pas de dresser sur son chemin.

Lors de son premier poste, à l’Hôpital Psychiatrique de Rome, son approche résolument humaniste et bienveillante des enfants va porter ses fruits et la conforter dans ses positions. Pour ne pas se voir récupérer par le gouvernement fasciste de Mussolini, elle gagne l’Espagne puis les Pays-Bas pour y poursuivre ses travaux.

Son engagement en faveur de l’enfance aboutira à la création d’écoles mettant ses théories en pratiques et qui essaimeront à travers le monde. Parmi les nombreux enfants ayant fréquenté ses Maisons des Enfants, une certaine Anne Frank…


Considérant pour la première fois les enfants comme des personnes pensantes, le mouvement pédagogique initié par Maria Montessori, basé sur l’observation et la bienveillance, a conquis de nombreux enseignant de par le monde.

Ce roman graphique signé Halim Mahmoudi se propose de nous esquisser une biographie de cette femme avant-gardiste qui consacra sa vie à l’éducation des enfants. L’artifice narratif visant à nous raconter sa vie en parallèle de celle, plus brève, d’Anne Frank qui fréquenta l’une de ses écoles, s’avère des plus pertinents, permettant au lecteur de mieux comprendre les spécificités de l’approche éducative de Maria Montessori, le bénéfice que peuvent tirer les enfants de cet enseignement et ce tout en dépeignant avec subtilité l’époque troublée qui fut la leur. L’histoire s’enroule autour d’un traumatisme du personnage central du récit : celui d’avoir dû abandonner son enfant, né d’une union jugée alors illégitime, dans un orphelinat… Pourtant, la trame narrative de l’album, étrangement évanescente, pourra troubler le lecteur, avec ces sautes temporelles qui rendent parfois le propos un peu confus.

Tirant vers l’épure, le dessin plein de douceur de Caterina Zandonella rend les personnages de Maria, de son fils, Mario, et de la jeune Anne particulièrement touchant de sincérité. Elle campe une Maria pleine de vie et une Anne pleine d’envie, toutes deux farouchement libres et indépendantes, combattant pour l’une le fascisme à sa façon, refusant de voir son travail récupéré par l’Italie de Mussolini, et subissant le joug nazi pour l’autre, avec les funestes conséquences que l’on sait…

Avec La Maison des Enfants - Maria Montessori, observer pour apprendre, Halim Mahmoudi et Caterina Zandonella rendent avec cet album un vibrant hommage à deux femmes d’exception.

L’une, Maria Montessori, est une pédagogue reconnue et réputée qui bouleversa la vision de l’enfant et de son éducation. L’autre est la jeune Anne Franck, qui fréquentera l’une de ces Maisons des Enfants qui appliquaient la pédagogie Montessori et s’y épanouira… jusqu’à ce que la folie des hommes ne l’emporte.

Le dessin plein de douceur et de délicatesse de Caterina Zandonella retranscrit leur passion et soif de vivre et porte joliment cette biographie…

N’élevons pas nos enfants pour le monde d’aujourd’hui. Ce monde n’existera plus quand ils seront grands. Et rien ne permet de savoir quel monde sera le leur. Alors apprenons-leur à s’adapter.Maria Montessori