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l'Homme en Noir
l'Homme en Noir



Fiche descriptive

Roman Graphique

Giovanni Di Gregorio

Grégory Panaccione

Grégory Panaccione

Delcourt

Mirages

22 mai 2024


19€99

9782413082729

Chronique
l'Homme en Noir
L’aigle noir

Mattéo a tout pour être heureux. Des parents formidables, un petit chien affectueux, et Ivan, son meilleur ami.

Mais tous les soirs, il fait le même cauchemar dans lequel un homme en noir terrifiant le poursuit. Qui est-il ? Le danger qu'il représente est-il réel ou imaginaire ?
un chef d'oeuvre!


L’aigle noir
l'Homme en Noir, planche de l'album © Delcourt / Panaccione / Di GregorioMattéo est un petit garçon qui semble avoir tout pour être heureux : des parents aimants et attentionnés, un chien joueur et affectueux et un meilleur copain qui est toujours là pour lui…

Mais, tous les soirs, c’est n proie à une angoisse indicible qu’il gagne sa chambre pour se mettre au lit… une fois l’histoire racontée, ses parents partis et la lumière éteinte, il est rongé par la peur que l’Homme en Noir ne vienne hanter ses rêves… Chaque nuit, il fait le même cauchemar d’une silhouette sombre et inquiétante qui le poursuit… Et, chaque matin, il trouve son lit mouillé, à sa grande honte…

Qui est cet homme en noir ? Est-il réel ou le fruit de son imagination enfantine ?


un récit tout en retenue bouleversant de justesse
Difficile de ne pas tomber en arrêt devant cette couverture très graphique où l’on perçoit tout d’abord un petit garçon inquiet, allongé dans son lit, avant que notre cerveau ne nous révèle un second personnage, qui pourtant occupe tout l’espace, et distille un sentiments de malaise particulièrement oppressant… l'Homme en Noir, planche de l'album © Delcourt / Panaccione / Di GregorioAvant même de lire l’album, on en comprend la teneur… Les violences sexuelles sont un sujet douloureux, plus encore lorsqu’elles touchent des enfants… Il fallait les talents conjugués de Giovanni Di Gregorio et Grégory Panaccione pour s’emparer d’un tel sujet…

Les premières planches de l’album s’avèrent angoissante à souhait, avec cette ombre qui se rapproche d’un immeuble comme il en existe tant avant de pénétrer dans l’esprit d’un petit garçon qui jusque-là dormait, paisiblement, dans sa chambre d’un pavillon de banlieue, troublant son sommeil… Le petit garçon est réveillé par sa maman avant que Tommy, son chien (qui ressemble furieusement à Cabot-Caboche, formidable adaptation du roman de Daniel Pennac signé par un certain Gregory Panaccione) un peu fou fou… Si on omet son énurésie, la journée se passe paisiblement et on s’attache très vite à ce gamin pétillant de vie et de malice. Puis vient l’heure du coucher… On sent l’angoisse monter lorsqu’il s’apprête à ouvrir la porte de sa chambre, hésitant à en franchir le seuil…

J’ai une affection toute particulière pour le travail de Gregory Panaccione, artiste dont la sensibilité transpire dans chacun de ses dessins… Plein de vie, son trait semi-réaliste donne vie à des personnages crédibles tant il restitue avec justesse tant les émotions qui les animent que les peurs qui les rongent… La joie toure simple de voir Mattéo s’amuser ses figurines Kinder de Super-Héros est un enchantement, même si on comprend confusément qu’il a besoin, lui aussi, d’être protégé d’un prédateur autrement plus proche et dangereux que les grands méchants des histoires… Le regard des parents désemparés de ne pas comprendre ce qui perturbe leur enfant nous remue de façon confondante et l’angoisse qui tenaille le petit garçon s’avère rapidement insoutenable… Tout cela est retranscrit avec force par les crayons et les pinceaux alertes de l’artiste…
l'Homme en Noir, planche de l'album © Delcourt / Panaccione / Di Gregorio
Les jours et les nuits qui se succèdent impulse un rythme lancinant au récit, alternant lumières et ténèbres… Les visites nocturnes de l’Homme en Noir se font de plus en plus terrifiantes alors que Mattéo semble perdre peu à peu sa joie de vivre, comme si les ombres fuligineuses du visiteur nocturne s’insinuaient insidieusement dans son quotidien… une scène où Mattéo rêve de monter sur le parapet de la fenêtre de sa chambre pour lui échapper est littéralement insoutenable et la détresse de Mattéo est si palpable que ses parents ne peuvent que se résoudre à consulter une médecin, spécialiste qui va l’aider à mettre des mots sur ses maux… Et soudain, l’Homme en Noir s’incarne et prend chair… Il n’est autre, comme si souvent, qu’un proche de Mattéo… Mais le petit garçon refoule son traumatisme bien profondément, pour continuer à vivre, passant même de bons moments avec cet homme pourtant à l’origine de ses souffrances… Pourtant, le lecteur attentif trouvera derrière ses mots en apparence anodins comme une confession d’un petit garçon qui ne comprend pas ce qu’on lui a fait mais sent que c’est mal et qu’il n’aurait jamais dû le subir… Les dialogues sont en cela particulièrement subtils et travaillés, contribuant à la force de ce récit salutaire et édifiant.

l'Homme en Noir, planche de l'album © Delcourt / Panaccione / Di GregorioRemarquablement bien écrit par un Giovanni Di Gregorio très inspiré et mis en scène avec virtuosité, l’Homme en Noir aborde avec finesse et une infinie pudeur les violences sexuelles faites aux enfants.

Mattéo a tout pour être heureux. Le jour, il vit une vie ordinaire de petit garçon, élevé par des parents attentionnés, passant des moments complices avec son meilleur copain et jouant avec un chien un peu foufou… Mais lorsque vient le jour se retire pour laisser place à la nuit, lorsque vient l’heure de gagner son lit, une sourde angoisse l’assaille… Car il sait que cette nuit comme toute les autres, ses rêves vont être visités par l’Homme en Noir et virer au cauchemar… Peu à peu ses peurs nocturnes vont déteindre sur sa joie de vivre, au grand désespoir de ses parents…

Le sujet douloureux est abordé avec une justesse confondante, prenant le lecteur aux tripes, le remuant, le chamboulant dans son impuissance à venir en aide à ce gamin qui devrait, comme tout enfant, avoir le droit au bonheur et à l’insouciance de l’enfance… L’Homme en Noir est un album aussi édifiant que salutaire, une grande œuvre incontournable…


- Tommy, arrête, pas sur le lit ! Maman va nous gronder ! Je t’en supplie ! Pitié Tommy !Mattéo

Le Korrigan




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