Chimères fait partie de la somptueuse collection de Vent D’Ouest : Equinoxe. Couvertures léchées jouant sur le mat et le brillant, papier de qualité… Bref, que du bonheur… Et quand le talent des auteurs s’en mêlent, on obtient de superbes BD… Et tel est le cas avec Chimères…

Savant cocktail de folie, de mythologie, agrémentée d’un zest de psychanalyse, le scénario impeccable de Mosdi fait merveille. On est attiré par le côté poétique et onirique de l’intrigue, des mondes chimériques fantasmés par Dnaiel qui a vécu et grandit en établissement psychiatrique. Mais ne nous y trompons pas. La féerie s’estompe rapidement derrière le cauchemar et Daniel Daremberg aura bien du mal à convaincre le docteur Huygens qu’un sombre danger plane sur eux.
Le lecteur croit découvrir dans le premier tome le monde vu par Daniel, croit explorer sa folie de l’intérieur, avec tout ce que cela comporte de terrifiant et de fascinant. Mais peu à peu il est contraint d’accepter cette autre réalité, à la fois poétique et envoûtante, captivante et terrifiante.

Côté dessin, au delà de ces couvertures magnifiques qui accrochent d’emblée le regard, on retrouve avec plaisir le trait léger et réaliste de Béhé. La force de ses dessins réside dans la persistance du crayonné qui donne aux planches un dynamisme impressionnant. Le travail sur les ombres et les lumières est particulièrement soigné et accentue le réalisme de l’ensemble. Son trait et ses couleurs collent parfaitement à l’ambiance étrange et mystérieuse distillée par Mosdi.

Une magnifique série, subtile, intrigante et passionnante…