Avec Open Range, adaptation du roman de Lauran Paine (décédé en 2001), Kevin Costner revient flirter avec l’Ouest Sauvage qui l’avait rendu célèbre (le splendide « Danse avec les loups », 1990). Là encore, il s’intéresse à la vrai sauvagerie, celle des hommes. Mais cette fois-ci, point trop de grands paysages bucoliques vantant la beauté des paysages américains, ni de plaidoyer pour la cause indienne. Non, avec Open Range, Kevin Costner illustre une histoire simple, réaliste, qui montre comment les loups se dévoraient déjà entre eux, à peine arrivés sur leurs nouvelles terres.
Nous suivons la vie itinérante des cow-boys, les vrais : les pasteurs, donc.
Suivant et surveillant leurs troupeaux à travers la grande plaine, ces cow-boys là sont loin des caricatures hollywoodiennes d’antan, bien que Costner eusse pu plus appuyer sur le côté routard des gardiens de vache, dans l’allure. Costner et Duvall (« Apocalypse Now », « Le Prédicateur ») portent encore beau, et incarnent avec une vraie sensibilité et une vraie profondeur leurs personnages ; en prenant parfois à contresens les caricatures. Depuis l’« Impitoyable » de Clint Eastwood, plus personne ne s’y était essayé avec assez de succès pour appâter les studios. Costner a d’ailleurs financé lui-même le projet, comme il le fait souvent lorsqu’il y croit. Et il a su s’entourer...
Duvall a ce regard et ce jeu pénétrant qui font les grands acteurs, comme s’il vous prenait à témoin. Et les seconds rôles sont tout aussi justes.
Le scénario est simple et de bon goût, puisque réaliste. Il met l’accent sur les travers de l’apparition de notables locaux, à l’Ouest, qui devinrent de véritables potentats et dont l’engeance sévit encore de nos jours, à la tête d’entreprises ou de vastes propriétés foncières. Cette histoire là est universelle, quel que fusse le sol sur lequel elle prend place.
Au-delà de cela, bien sûr, Kevin ne résiste pas à l’envie de nous ajouter un peu d’eau de rose là-dedans, mais pourquoi pas ?
Le décor respire le vrai (un Canada aux allures de Montana, sans les promoteurs…), lui aussi, et la ville qui sert de théâtre à l’action fut reconstituée dans le détail. C’est bien tourné, y compris et surtout lors des scènes d’action. Enfin, les types ont vraiment la trouille de se prendre une balle…
Open Range est donc un grand western (et plus simplement : un grand film), mais issu de cette nouvelle vague réaliste qui tente de réconcilier l’américain avec son passé, avec honnêteté et authenticité. Et il fut un temps où la démarche était impensable, comme si un cow-boy ne tirait jamais le premier sur un indien…