Judith est un thriller en huis clos concocté par Paul Oliveira qui signe là son premier scénario de BD. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il maîtrise son sujet…
Le scénario est pour le moins original et captivant. Trois hommes sont engagés par le PDG d’une entreprise pharmaceutique pour assurer la protection de sa fille vivant dans une grande propriété faisant déjà sous la surveillance active de plusieurs gardes du corps… Ivres d’ennuis, Marc, Cyprien et Mehd, que tout semble opposer, vont peu à peu se poser de nombreuses questions alors que d’étranges événements vont peu à peu se produire…

Le suspens est savamment entretenu dans le premier album, la tension monte crescendo pour atteindre son paroxysme dans les dernières pages de l’album, laissant espérer une suite passionnante. La menace est présente, sourde, et difficilement identifiable. L’intrigue se déroule avec efficacité sans dévoiler la nature de ce péril grandissant mais omniprésent…
Pourtant, si le premier tome tient le lecteur en haleine, le second tome le laisse un peu sur sa faim. On a du mal à s’attacher aux personnages principaux de l’intrigue que l’on voit d’un œil trop extérieur. Leurs modifications comportementales engendrée par l’isolement et l’ennui grandissant, ainsi que d’intrigantes manipulations aurait par exemple gagné à être étoffés et affinés. Trop de zones d’ombre subsiste à la fin de ce premier cycle dont le second tome fait glisser cet efficace huis clos vers le fantastique. L’explication scientifique de la nature du mal

La mise en scène et les cadrages d’Eric Godeau renforcent l’aspect aspect cinématographique de la série. Les décors sont dépouillés et minimalistes et les personnages épurés. Mais si on peu relever quelques imperfections dans le dessin (les silhouette sveltes et élancées des deux personnages féminins qui deviennent bodybuildée dans le second tome), le trait d’Eric Godeau et les couleurs de Fabien Alquier colle parfaitement à l’ambiance lourde et pesante qui règne dans ce diptyque.

Malgré un second tome quelque peu en de ça du premier, Judith reste un thriller fantastique efficace dont on espère un second cycle prometteur… Et le fait est que j’attends avec une impatience jubilatoire les prochains travaux de Paul Oliveira et de son comparse Eric Godeau, deux jeunes auteurs prometteurs…