Je me suis arrêté sur ce film un petit peu par hasard, espérant qu’il s’agirait au moins d’un film honnête d’épouvante, visionnable à l’occasion d’une soirée de bullage…
Hors, il s’agit d’une merveille du genre, passée plus ou moins incognito sous nos yeux (sous les miens, en tout cas), qui est même parvenue à m’arracher quelques frissons sur petit écran. C’est vous dire…
Le cinéma espagnol se taille la part du lion dans le cinéma fantastique d’angoisse ces dernières années, à tel point qu’Hollywood les débauche ; ainsi, après « Les Autres » d’Amenabar, « Darkness » est aussi une production américaine au casting international.
Réalisation espagnole –donc- de Jaume Balaguero (« La Secte sans nom »), il s’agit d’un exercice de style sur la peur du noir, que nous avons tous ressenti étant enfants, comme si les ténèbres elles-mêmes engendraient les monstres du placard et que seule la lumière pouvait nous aider à les repousser.
Avec au casting –entre autres !- la sympathique Anna Paquin (Malicia dans « X-Men »), la beauté froide Lena Olin (« La Neuvième Porte ») et un excellent jeune débutant (Stephan Enquist), « Darkness » a pour lui une esthétique sublime conférée par une réalisation ultra-maîtrisée et imaginative. J’ai rarement vu un tel niveau de recherche dans le traitement des séquences et des fondus. Les vibrations de l’image, le vrombissement sourd, les voix qui se perdent dans l’indicible, sont autant de détails qui font la qualité de ce genre de film, en le faisant coller à l’esthétique de nos cauchemars et à notre perception auto-inhibée de l’effroyable. Parfois, on a l’impression que notre propre sang cogne à nos tempes et plonge nos perceptions dans les ténèbres ; là ou il ne vaut mieux pas regarder.
Bien entendu, le montage est irréprochable ; et malgré quelques rares ficelles éculées (identitaires du genre), le tout se tient par ce traitement original et par une intrigue qui va crescendo dans l’horreur, avec une séquence finale qui vous laisse la bouche ouverte et avec guère d’envie d’aller vous coucher.
Huis-clos angoissant et original, à l’esthétique soignée, supporté par une réalisation proche de la perfection pour le genre, « Darkness » m’a tout l’air d’un chef-d’œuvre du cinéma d’horreur. A peu de choses près, il était parfait. Il est donc temps de vous souvenir de votre peur du noir

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