Nous avons tous peu ou proue était élevé à la potion magique, et c’est bien souvent les aventures d’Astérix (et celle de Tintin) qui nous ont fait entrer dans le monde de la BD. Astérix fait immanquablement partie de notre patrimoine, de notre enfance…
Difficile de résister au coup de crayon bougrement efficace d’un Albert Uderzo, ou à l’humour à plusieurs degré d’un René Goscinny, scénariste talentueux des meilleurs Lucky Luke, des délirants dingodossiers et du Petit Nicolas.

Goscinny disparu, beaucoup ont un peu vite enterré l’irréductible gaulois. Pourtant, Uderzo, a décidé courageusement de reprendre le flambeau. Il était attendu au tournant… et le fait est que si les meilleurs albums d’Astérix restent ceux né de la complicité et de l’amitié qui liait le scénariste au dessinateur, certains des albums né de la plume et des pinceaux du seul Uderzo méritaient plus que le détour (le Grand Fossé ou L'odyssée d'Astérix notemment).

Mi octobre sortait le 33ième album des aventures d’Astérix, Le ciel lui tombe sur la tête. Rarement, un titre de la série aura été aussi justifié. Car le fait est que les lecteur de ce dernier opus ont eu l’impression de recevoir un coup de massue, au regard des divers avis et critiques qui foisonnent ça et là sur le net… Car, vous le savez sans doute, dans cette aventure hors norme, Astérix va devoir affronter rien de moins que… des extra-terrestres! Oui, vous avez bien lu… Etrange idée, décalée, surprenante, dont la seule thématique justifie les flots d’encre virtuelles qui se déverses sur de nombreux forums…

Uderzo s’est sans nul doute fait plaisir à dessiner ces nouveaux et surprenant personnages et cette technologie extraterrestre. Son coup de crayon, toujours aussi sûr et efficace (il suffit de lire la version de luxe proposant, en plus de la BD couleur les planches crayonnées pour se convaincre que son talent est intact). Si le thème du scénario est innovant, son découpage l’est tout autant : plus aéré qu’à l’accoutumée, certaines planches ne comportent que trois vignettes.

A travers cet album, Uderzo s’est amusé à mêler manga, comics et BD franco-belge dont Astérix est l’un des représentants les plus connus. Mais la caricature qu’il fait de la culture américaine n’est qu’esquissé… On n’y retrouve pas les délicieuses satyres de la société de consommation, des diseuses de bonne aventure, du chauvinisme, des débats politiques et j’en passe… Mais surtout, reconnaissons le, le scénario est faible et l’humour peine à faire mouche… Passé les premières planches et l’étrange surprise de voir débarquer des extra-terrestres dans notre village gaulois (mais après tout, pourquoi attendraient-il les années 2000 pour débarquer sur la terre?) ce tome ne parvient pas à susciter de l’intérêt chez le lecteur.

L’idée d’Uderzo était des plus audacieuse mais le pari semble hélas manqué et il est difficile de ne pas sentir comme un petit pincement au cœur… Le ciel lui tombe sur la tête est sans nul doute la moins passionnante des aventures de l’irréductible gaulois. Mais rien ne nous empêche de nous replonger dans les autres tomes, né de la grande connivence et de la solide amitié qui unissait les deux papas d’Astérix… Je ne peux malgré tout me résoudre à qualifier de médiocre cet album, au regard de la force des crayonnés de ce dessinateur talentueux…

Espérons que ce tome ne soit pas le dernier et qu’Uderzo puisse encore utiliser la magie de ses crayons pour un scénario qui devrait entraîner Astérix loin de son village…