Shandy est un grande fresque aventureuse à l’époque napoléonienne. Matz et Dominique Bertail se proposent de nous raconter les aventures de Shandy Ratcliffe, un anglais séduit par les idées de la Révolution. Idéaliste à l’extrême, limite caricatural, Shandy Ratcliffe n’est pas sans rappeler Perceval, le naïf chevalier du roi Arthur qui traverse l’adversité sans réelle conscience du danger.

Le moins que l’on puisse dire est que le dessin de Dominique Bertail surprend. Il alterne des planches magnifiques, tout en profondeur, superbement mises en couleur, et d’autre plus plates, sans réel travail en volume. Ce contraste est d’autant plus surprenant que certaines double planches sont proprement hallucinantes (planche 16 et 17 notemment, où l’on voit l’armée impériale se mettre en branle). De gros progrès ont toutefois été effectué depuis le premier tome mais, paradoxalement, le contraste entre certaines cases, sublimes, et d’autre au prime abord moins travaillées s’en trouve accentué. Si son trait est sûr (il suffit de regarder ses crayonnés pour s’en convaincre), malgré quelques lacunes au niveau de l’expressivité des visages, c’est la mise en couleur qui semble parfois bâclée, surtout au regard de certaine cases, saisissantes de réalisme. Certaines scènes sont abordés avec des cadrages très cinématographiques d’une redoutable efficacité.

Le scénario de Matz, à qui l’on doit l’incontournable Tueur (dessiné par Jacamon), se déroule avec efficacité. Le premier tome, introduisant la série et son principal protagoniste, avait pu laisser le lecteur sur sa faim. Le second, plus dynamique et un peu plus dense, devrait convaincre les lecteurs les plus réticents, et ce d’autant plus que l’Empire est une époque curieusement sous exploité en BD. L’atmosphère de complot est pesante à souhait et gageons que Shandy aura fort à faire pour déjouer les manigances induites par la jalousie d’un Dorigo qui, non content d’être en vie, s’avère être l’aide de camp de l’Empereur...

Sans être un chef d’oeuvre, ce second tome confirme le bien que l’on pensait de la série…