Si le film ne dit pas explicitement qu’il retrace l’affaire Elf, le cinéaste s’est amusé à distillé savamment de nombreux indices pour ceux qui ne trouvent l’intrigue seule suffisamment explicite. Dans les noms et les apparences des protagonistes d’une part (Jeanne Charmant, Roger Dumas) mais aussi dans le nom subtilement codé de la société pétrolière qui n’est que quelques secondes à l’image (FMG) mais qu’un casseur de code en culotte courte peut aisément décoder (petit indice pour les distrait: code de césar de clef -1). Le spectateur peut alors s’amuser à relever les clins d’oeils qui émaillent le film.

La mise en scène est à la fois sobre et efficace. Les mouvements de caméra, subtils et légers, soulignent les différentes scènes, distillant avec exactitude le sentiment voulu par le metteur en scène… Les premières secondes du film et l’avertissement « Toute ressemblance avec des faits réels et des personnages connus serait, comme on dit, fortuite.. » plonge d’emblée le spectateur dans l’univers malicieux d’un cinéaste talentueux à la mise en scène sobre mais redoutablement efficace. Il utilise l’affaire Elf pour dénoncer l’ivresse du pouvoir qui corrompt même les gens animés de bonnes attentions. Le pouvoir grise et fait tourner la tête de tous ceux qui l’approchent, à commencer par la juge d’instruction, qui poursuit un idéal de justice et se perd dans les coulisses d’un pouvoir corrompu…

Les acteurs sont tous impeccables, Isabelle Huppert en tête bien sûr. Mais les seconds rôles sont tous d’une rare justesse, même ceux qui comme Jean-François Balmer ne font qu’une rapide apparition, deux petites scènes et puis s’en vont…

Un film cinglant, efficace et jouissif qui nous entraîne au delà des apparences, Chabrol oblige…