C’est avec une certaine fébrilité que j’ai commencé la lecture de ce troisième opus du Combat Ordinaire de Manu Larcenet… Est-ce la peur d’être déçu après deux premiers tomes irréprochables? L’auteur parviendra-t-il à nouveau à toucher la corde sensible, à réveiller chez le lecteur une foule d’émotions enfouies, comme peut le faire une musique ou un poème?

Mais sitôt les premières mesures, on se retrouve en terrain connu… L’auteur, scénariste dessinateur et narrateur possède un talent inimitable pour parler des petites choses, pour esquisser une émotion avec une rare justesse. Il fait remonter une foule de choses enfouie quelque part au fond de nous, trouve les mots et les attitudes justes pour cerner un malaise, un sentiment ou une angoisse. C’est troublant de voir comme on se sent proche de son héros et des questionnement qu’il l’assaillent… Sans doute parce que Manu Larcenet a fait cet album avec ne grande sincérité et une grande pudeur…

La vie de Marco se poursuit donc, après la mort de son père. Les délires qu’ils partageait avec son frère se sont effacés devant le drame qu’ils traversent et que chacun gère comme il peu. Il est assailli et submerger par une foule de questions au lieu de se laisser guider par ce qu’il ressent. Il tente de rencontrer l’homme qui se cachait derrière cette image du père, le découvrant à travers de petites choses qui lui semblent anodines mais qui étaient précieuses à ses yeux. Le combat ordinaire de Marco est le nôtre. Combat contre le quotidien, contre la Terre qui continue sa ronde, imperturbable, malgré les accidents du quotidien, el combat contre soit même, contre ses lâchetés qui nous font contourner les problèmes plutôt que de les affronter.

Un album superbe et touchant, à l’image des deux premiers… album magnifiquement complété par une édition spéciale contenant en plus d’un cahier graphique un DVD qui nous invite à voyager au cœur de ce combat ordinaire et bouleversant… le tout porté par une musique magnifique d’Alexie Assoudarian qui est bien dans la tonalité de l’album…