Scénarisé par deux monuments du neuvième art, Pierre Christin (les phalanges de l’ordre noir, la ville qui n’existait pas, cœur sanglant, Valérian) et André Julliard (les 7 vies de l’épervier, la machination Voronov, Plume aux vents, Carnets bleu) dans une collection prestigieuse (Long Courrier dont on regrette cependant le changement de maquette), autant dire que cet album comptait parmi les plus attendu de ce mois d’octobre.

Le long voyage de Léa est un road-movie original qui nous entraîne dans le sillage de Léa. Difficile de comprendre ce qui motive son voyage. Le lecteur découvre peu à peu sa personnalité complexe et des bribes de ses motivations. Narratrice de sa propre histoire, on comprend qu’elle-même n’est que l’instrument consentant d’une machination qui la dépasse. Les dernières pages du récit en sont la clef de voûte qui explicite les actes de Léa et éclairent ses motivations secrètes. Récit riche et complexe qui dépeint une machination impeccable et une froide vengeance dont le propos peut faire penser à Munich de Stephen Spielberg. Mais alors que le cinéaste développe des personnages profonds, rongé par le doute, Léa semble peut-être un peu terne, froide, et quelque peu hors du monde. Mais peut-elle être autre chose qu’un fantôme depuis que le destin l’a séparé de ceux qu’elle aimait?

On retrouve avec un réel plaisir le trait et les couleurs si caractéristiques de Julliard, un dessinateur charnière qui puise dans le style des grand anciens tout en ayant su moderniser leurs techniques par des découpages soignés et une mise en couleur riche.

Au final, le long voyage de Léa est un album captivant et fort bien mené mais don l’accès ardu pourra rebuter plus d’un lecteur.