N’étant pas de ceux qui eurent l’occasion de connaître Edith Piaf de son vivant, et malgré le rayonnement durable et incontestable de la môme sur notre patrimoine culturel, j’ai avant tout été voir ce film pour y profiter d’une performance d’acteur, et redécouvrir cette légende de la chanson française.

Pas la peine de tourner autour du pot, Marion Cotillard est magistrale. C’est peut-être son plus grand rôle jusqu’à aujourd’hui, bien qu’il y ait longtemps qu’elle montre du talent.
Elle incarne une Edith Piaf sincère, réaliste, tantôt misérable, tantôt capricieuse ; sans doute à l’image de ce qu’elle fut vraiment.

Pour ceux qui vécurent du temps du mythe, néanmoins, le personnage proposé par Olivier Dahan est peut-être un peu trop caricatural et trop peu grâcieux, et la vision qu’il donne de la vie de la chanteuse est sans nul doute plus obscur que gai. Reflet de la réalité ? Je ne pourrai me prononcer là-dessus, mais le passé et les quelques excès bien connus de cette femme dont l’existence ressemble définitivement à un roman dramatique peuvent effectivement donner une matière telle que celle-là.

La réalisation d’Olivier Dahan est assez typée et personnelle, avec un montage en parallèle de deux époques (l’ascension, la fin) dont la clé de voûte et l’articulation seraient en quelque sorte sa passion malheureuse pour Marcel Cerdan, interprété par un très séduisant Jean-Pierre Martins. L’ensemble de l’œuvre frise parfois la schizophrénie, qui culmine avec l’annonce de la mort de Marcel, mais se ressent tout au long d’un film qui enchaîne les scènes importantes de la vie de la Môme. On comprend plus qu’on apprend, et ce n’est pas une façon d’aborder les choses qui m’a déplu.

Du coup, même si le film est assez particulier à suivre, il évite l’écueil de la biographie chronologique classique pour se recentrer sur le personnage seul, duquel il nous dresse un portrait à travers les scènes clés de sa vie.

Tous les interprètes (regardez ce casting !) sont très bons, et soutiennent largement l’interprétation de Marion Cotillard, même s’ils demeurent bien sûr toujours derrière la scène. Seul le personnage de Titine la prostituée est inventé, les autres étant bien entendu des acteurs, des amis ou des amours réels de la vie de Piaf.

La Môme est donc une vision, aux allures parfois fantomatiques, de celle qui demeure une légende de la chanson française et une voix internationale, qui méritait bien qu’enfin le cinéma s’y intéresse. Sans être un hommage larmoyant ou seulement élogieux, la Môme est une vision personnelle et réaliste fantastiquement interprétée qui devrait ravir les amoureux de cinéma comme ceux d’Edith Piaf, dont l’âme et la voix planeront encore longtemps sur la chanson française…

Aimant la musique d'Edith Piaf et ayant entendu bien des éloges sur ce film, j'avais hâte de le voir.

Au final, le bilan est mitigé. En effet, si 'La Môme' est objectivement bon, bien des détails me gênent. Tout d'abord, l'utilisation de la musique d'Edith Piaf. Alors que sa musique est splendide et qu'elle était chanteuse, Dahan place presque la musique au second plan, bien loin derrière la biographie de l'artiste. Bien sûr, de nombreux morceaux figurent dans le film, mais souvent coupés, voire même un peu 'charcutés'.
Dans Podium, Moix avait réussi à rendre hommage à Claude François en diffusant certains de ses morceaux dans leur intégralité ou presque en les harmonisant avec les images, il est dommage que Dahan ne parviennent à en faire autant ici. Autre point qui me chagrine, la biographie présentée ici n'est pas dans l'ordre chronologique et on s'y perd un peu dans tous ces changements d'époques successifs.

Personnellement, j'ai du consulter la biographie papier d'Edith Piaf pour mieux comprendre le film, chose qui n'aurait pas du être nécessaire si le film était vraiment clair. Enfin, dernier reproche à faire au film, certaines époques de la vie de Piaf sont plus traitées que d'autres. Dahan s'est à mon sens trop attaché à montrer les dernières années d'Edith Piaf et au-delà du côté misérable sur lequel il insiste trop, il perd de la place pour développer le reste de sa vie.

Ainsi, il est dommage de ne pas mieux ressentir le passage entre la jeune chanteuse prometteuse et la star planétaire. C'est pour ces trois raisons que je n'accorde pas 3 étoiles au film car en dehors de ça, il est vraiment réussi. Tout d'abord l'ambiance, l'époque, est particulièrement bien rendue. Ainsi, décors et costumes sont criants de vérité. Les acteurs sont pour la plupart impeccables. Cotillard est bluffante, Testud excellent en Momone et Depardieu dans un bon jour.

La réalisation est également de qualité. Un grand film français un peu gâché par quelques détails gênant, moyen plus!!!

par Jacob Kaminski