Après avoir signé le Tueur, série incontournable qui fera date dans la bande-dessinée tant par son dessin et ses couleurs si particulière que par sa narration impeccable et terriblement prenante, Matz et Jacamon ont amorcé une série qui s’annonce elle aussi magistrale.

Si le premier opus (la recrue) semblait des plus prometteur, la série prend toute sa dimension avec le second qui après une mise en bouche particulièrement bien faite immerge le lecteur dans un futur possible particulièrement inquiétant. Les dérives médiatiques auxquelles on assiste ces dernières années, la collusion entre le monde des affaire, la politique et le people qui s’esquisse, se développe et fini par donner la nausée tendent à faire de Cyclopes une série d’anticipation redoutablement efficace et affreusement crédible.

Douglas Pistoia cesse d’être une marionnette et sa conscience le travaille d’autant plus que ce qu’il n’y a pas d’adéquation entre ce qu’il découvre sur le terrain et ce qui est dit dans les médias. Un journaliste va aiguiller sa prise de conscience par ses questions incisives. Douglas Pistoia, soldat et héros télévisuel sera-t-il le grain de sable qui va enrayer la machine ou, plus probablement, se fera-t-il broyer par l’implacable mécanique qui œuvre ne coulisse?

Le style de Jacamon fait une fois de plus merveille malgré (ou à cause ?) ses imprécisions. Son travail sur la couleur et plus particulièrement sur la lumière immerge le lecteur et renforce l’ambiance sombre et réaliste de la série.

Une seule ombre au tableau : pour notre plus grand plaisir, le tueur reprend du service et Cyclopes va être mis quelques temps entre parenthèse au profit de la première série des deux auteurs qui, il est vrai, est l’une des meilleurs ventes de la collection…

Cyclopes est une série d’anticipation époustouflante et glaçante de réalisme qui devrait elle aussi faire date…