Le « Droit de naufrage » que quiconque trouvait sur la grève des objets dans les jours suivant une tempête en devenait le possesseur si légitime propriétaire ne venait pas le réclamer. Il n’en fallait pas plus pour que germe dans des esprits peu scrupuleux qu’il suffisait d’aider les bateaux à s’échouer et d’empêcher les propriétaires de pouvoirs réclamer quoique ce soit en les aidant à passer de vie à trépas pour devenir riche…

Les Porphyres sont de ceux là qui bâtirent leur fortune en officiant le peu honorable métier de naufrageurs. Mais les villageois prirent les armes contre eux, pendirent le père, firent emprisonner l’aîné de ses deux fils, laissant le cadet et sa mère pour morts. C’est le destin tragique et tourmenté de cette famille que Balac (co-créateur de la série romantique Sambre) se propose de nous conter. L’action se passe en Bretagne, à l’époque où les croyances populaires avaient encore court et s’entremêlait au christianisme pour alimenter légendes et superstitions, cette même Bretagne que le conteur Anatole le Braz s’est attaché à raconter dans ses ouvrages dont le plus célèbre, « la légende de la Mort » est devenu une référence.

Comme ce fut le cas dès les premières pages de Sambre, on sent qu’un drame est en train de se nouer. Un drame ou amour, haine, avidité et passions vont se mêler inextricablement et se déchaîner, telle une tempête hivernale, sur les protagonistes de l’histoire. Balac expose et présente son histoire avec maestria et si sa narration est impeccablement conduite, ses dialogues sont parfaitement ciselé et le vocabulaire désuet du terroir renforce l’imprégnation du lecteur dans l’atmosphère si particulière de la série.
Les personnages cachent de bien sombres secrets et celui du patriarche de la famille Porphyres semble bien gardé, même que celui de cette garçonne qui semble avoir bien des raisons de haïr les Porphyres…

Mais ce qui attire d’emblée, plus que le nom de Balac sur une couverture, c’est le dessin si particulier, et surtout la mise en couleur sublime, de Joël Parnotte, tout en clair-obscur, avec une lumière arasante des plus travaillées. Les teintes utilisées, tout en nuances d’ocre et d’orangés, colore cette histoire d’une pointe de fantastique alors même que le récit semble prendre racine dans le réel. Ce n’est pas une histoire qu’il se contente de mettre en scène, c’est toute la magie de Bretagne qu’il peint avec ses pinceaux, cette terre chargée de légendes où histoire et mythes s’abreuvent à la même source…

Ce second tome confirme tout le bien que l’on pensait du premier et gageons que la suite sera à la hauteur et fera du Sang des Porphyres une série incontournable...