C’est peu dire que le premier opus de l’Ivresse des fantômes nous avaient enthousiasmé. Sous une couverture à la fois réussie et intrigante se cachait un scénario dynamique très prenant servi par un graphisme et une mise en couleur des plus réussie.
Autant dire que ce second tome était très attendue…

Le trait de Morgann est encore d’une grande efficacité dans sa façon de rendre le mouvement des personnages. Certains pourraient parler de défauts de proportion mais à mon sens ce n’est qu’une accentuation de la réalité pour rendre son dessin plus dynamique encore, empruntant par la même au vocabulaire graphique du dessin animé. Il excelle tant dans les scènes d’action que dans le burlesque que les auteurs ont judicieusement sou poudré ça et là, conférant à la série une tonalité à la fois sombre et humoristique. La mise en couleur de l’étonnant Jérôme Maffre est une fois encore magistrale. Ces deux auteurs toulousains ont à mon sens une fort belle carrière devant eux au vu de leur talent époustouflant.

Côté scénario, Wilfrid Lupano nous livre là une fois de plus une histoire au rythme endiablé, sans temps morts, parvenant avec un certain brio à poser le décor d’un univers riche et foisonnant tout en développant son intrigue de façon impeccable. Cette album est à proprement parler une charnière entre un tome d’introduction et un dénouement qui s’annonce délicat pour Lili et son père qui surgit dans sa vie à l’improviste. Album charnière car de nombreux éléments y sont expliqués de par le regard croisé des différents protagonistes sur la fusillade qui ravagea les locaux des grossistes chez qui elle s’approvisionnait en fantômes, papillons, seuls à même de polémique la fleur de katazur, source d’un puissant hallucinogène.
Le personnage principal de la série de Lili, jeune droguée et dealeuse est quelque peu atypique dans le monde parfois aseptisé de la BD Cet album l’abandonne un temps, se focalisant sur un père brillant à qui tout a réussi mais qui est rongé par la culpabilité vis à vis de sa fille et qui cache lui même des activités peu reluisantes. Mais c’est pour mieux retrouver Miss Pélias que l’on se focalise un temps sur lui et force est de reconnaître que la construction scénaristique de cet album est des plus intéressantes…

Au final, L’Ivresse des Fantômes est une série passionnante au dynamisme appréciable et au dessin impeccable. Que demander de plus sinon un dernier tome à la hauteur des deux premiers pour finir cette trilogie en beauté?