Le légende ru Roi Arthur, le Haut Roi de Bretagne, n’a pas fini d’attiser l’imagination des romanciers et de lecteurs. En cela, comme le dit le mythe, le Roi Arthur n’est pas réellement mort et attend son heure dans l’île d’Avalon que constitue l’imaginaire.

Avec sa saga du roi Arthur, qui jamais n’a été roi, Bernard Cornwell nous propose une trilogie envoûtante qui replonge aux racines historiques du mythe. Fortement ancré dans l’histoire et donc replacé dans son contexte réel, il parvient avec un indéniables talent à s’abreuver aux sources du mythe tout en apportant une version personnelle de la saga, mettant en scène les personnages dont le nom est connu de tous de façon aussi surprenante qu’envoûtante. On y croise bien évidemment Merlin, le célèbre Druide, craint et respecté, mais aussi Guenièvre, Galahad, Mordred et un Lancelot quià lui seul vaut le détour tant son image de preux chevalier est écornée, pour ne pas dire qu’elle vole purement et simplement en éclat. La filiation entre les différents personnages est bouleversée mais l’ensemble est à la fois crédible et cohérent.

L’approche de la magie druidique est très subtile car, si ce n’est à la fin du livre, elle n’opère que parce que les hommes et femmes de l’époque y croient. Les interdits et malédictions ont sur eux une telle emprise que les druides sont des personnages craints et respectés et ce sans que nul ne soit témoin de magie au sens fantastique du terme.

Le prisme déformant choisit pour narrer cette histoire est particulièrement intéressant puisque le narrateur est un moine devenu chrétien après avoir été un Saxon élevé sur les terres de Merlin. Le personnage de Derfel, car tel est son nom, est particulièrement intéressant et permet à l’auteur de poser le contexte religieux, du paganisme déclinant devant le christianisme émergeant, avec les heurs et malheurs que l’on peut présager. Sous couvert de rédiger un évangile en langue saxonne, le moine rédige pour la Reine l’histoire d’Arthur, l’homme qui ne voulut pas être roi, seigneur de guerre audacieux, meneur d’homme et administrateur inspiré… Ce continuel va et vient entre un présent sombre et un passé glorieux est passionnant et le récit de Derfel est présenté comme le récit original qui sera plus tard déformé par les traductions pour être plus conforme aux légendes qui ont perduré jusqu’à nous.

Le dernier point, mais non des moindres, est l’importance donnée aux bardes, chargé de narrer les hauts faits d’armes de leurs mécènes, déformant et tordant l’histoire pour complaire à leurs seigneurs. Et c’est ainsi que Lancelot, couard et opportuniste, très soucieux de son image, verra son nom porté à la postérité et devenir le légendaire chevalier que l’on connaît…

Passionnant et envoûtant, cette saga quasi historique (mais non historiquement vraie) de Bernard Cornwell renouvelle le mythe, le bouleverse et donne un second souffle à cette histoire intemporelle. Cette trilogie ravira les passionnés du haut roi mais aussi les férus d’histoire et de saga nordiques. Une grande œuvre, assurémment…