Isabelle Dethan n’en finit plus d’être attiré par l’Egypte. Après Kheti, fils du nil et Sur les terres d’Horus, elle nous invite à un nouveau voyage sur la terre des pharaons. Elle renoue aussi avec le thème de l’archéologie qui servait de toile de fond à l’avorté Rêve de Pierre. Mélangeant avec doigté les genres, cette enquête archéologique sur fond historique teintée de polar est pour le moins fertile en rebondissements.

Le groupe d’archéologues désireux d’exhumer le tombeau disparu d’Alexandre le Grand est constitué de personnages aux caractères affirmés et aux motivations parfois troubles. Chacun semble cacher de sombres secrets qui seront gageons le autant de ressort scénaristiques. Le personnage de Charles, désireux de combler l’envie des touristes fortunés amateurs d’égyptologie en fabriquant de vraie fausse momie vaut son pesant de cacahuètes, rappelant les dérives d’une science lucrative qui a même poussé certains escrocs à assassiner des gens pour les transformer en de vénérables momies vendues à vil prix.
Outre la qualité de l’histoire qu’elle nous narre, cet album est remarquable par la facilité avec laquelle Isabelle Dethan truffe son récit de petites anecdotes qui l’enrichissent en renforçant son contexte. Des rivalités entre archéologues aux difficultés d’effectuer des fouilles, de la tension existant entre les différentes communautés à la guerre larvée que se livre anglais et français en territoires égyptien…

Le trait de Julien Maffre qui signe avec Le manuscrit de Cyrène son tout premier album est à la fois élégant, efficace et très expressif, renforcé par une mise en couleur des plus réussies, soulignant fort délicatement les différentes ambiances qui émaillent le récit.

Ce premier album inaugurant une trilogie est une réelle réussite, tant sur le plan graphique que scénaristique. Un album grand public d’excellente facture qui ravira les amateurs d’histoire et de romans policier… Vivement la suite !