Fiche descriptive
Chroniques | ![]() |
Quel bon vent amène donc cette critique? Le vent doux qui caresse les blés, le vent âpre qui dessine les mers de dunes ou le vent furieux qui fait paître ses blancs moutons au sommet des vagues ? C’est plus probablement un vent poète et mystique qui a dicté à Alain Damasio sa horde du contrevent. C’est une œuvre étrange et inclassable que les esprits simples des librairies de consommation ont classé avec la science fiction, faute de mieux. C’est sûr que dans les rayons poussiéreux de la philosophie, coincé entre Confucius et Descartes, je ne l’aurais pas découvert. Pour être tout à fait honnête, j’avais été interpellé par cet ouvrage en suivant le fil d’une discussion sur internet. Le roman présentait la singularité de commencer à numéroter les pages par la fin pour remonter peu à peu jusqu’à l’origine mystique de la première page. Pendant près de 700 pages, j’ai donc suivi le destin de cette horde, qui remontait aux origines du monde, face aux vents contraires. Imaginez ça un instant, une bande de terre d’à peine 5000 kilomètres de large engoncée entre des pôles glacés et inhabitables. A l’aval, la grande cité d’Aberlaas qui à chaque génération forme une poignée de héros. Cette fine équipe doit remonter les terres connues pour découvrir l’origine des vents terribles qui découlent de l’amont. Trente années durant, ils s’obstinent à pied à remonter le courant terrible et souvent mortel qui rase villes et villages. A leur tête, le Golgoth, chargé de tracer le chemin, véritable force de la nature dont le courage n’égale que l’orgueil et la détermination. Suivent le traceur, scribe, troubadour, aéromètre, feuleuse et toute une équipe de personnages hors du commun. La 34ème horde découvrira-t-elle l’amont et ses secrets ? Vous le saurez en lisant le livre! Je voudrais m’attarder un peu sur le style du livre souvent riche et coloré à l’indigestion. Les mots sont parfois vidés de leur sémantique pour que leur syntaxe rythme le texte. C’est parfois déroutant, souvent surprenant et toujours intriguant. Les pages alternent les points de vue des différents narrateurs, les membres de la horde qui ont chacun une personnalité unique et baroque. Quand à la finalité du roman, c’est clairement d’amener le lecteur à réfléchir, à s’élever par la pensée. Malheureusement, à mesure que le livre avance la mystique prend le pas sur la philosophie, à tel point que certains passages s’enfoncent dans l’ésotérisme au détriment du plaisir de la lecture. Comme je suis peu porté sur l’herméneutique, mon esprit d’un naturel paresseux a oblitéré de ma conscience les passages les plus obscurs, mettant hors de ma portée le Graal de la compréhension. A défaut d'une fin pour cette critique, c’est la note de la faim intellectuelle qui conclura donc cette revue. A découvrir où à redécouvrir, les lectures successives livrant chacune leurs clefs pour la compréhension du texte... par Thibaud Flury
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