O’Boys est un road-movie passionnant se déroulant dans le sud des Etats-Unis dans les années 30. Il raconte une histoire d’amitié unissant un pauvre gosse battu (désireux de retrouver son frère et de fuir un père alcoolique et violent) et un ouvrier noir poursuivit par un shérif raciste et malhonnête.

Si le premier tome s’inspirait très librement des Aventures de Huckleberry Finn, les auteurs de O’Boys , Philippe Thirault et Steve Cuzor semble s’être donné pour but, à l’instar de Mark Twain, de dresser un portrait sans concession des Etats-Unis. Ségrégation raciale, errance et misère y sévissent avec force alors que la guerre de Sécession est un lointain souvenir remontant déjà à plus d’un demi siècle.
Les deux principaux protagonistes, Huck et Charley apportent, l’un par son rêve (de retrouver son frère) et l’autre par sa naïveté et ses superstitions, une fraîcheur appréciable à ce récit d’aventure né sous la plume et les pinceaux de ces deux auteurs décidemment très talentueux.

La légende servant de fil rouge à l’histoire, calquée sur celle du guitariste de blues Tommy Johnson est savoureuse et met en relief ces superstitions tenaces qui persistaient encore vers le milieu du XXième siècle. Ce guitariste racontait qu’il avait vendu son âme au diable au croisement de deux routes dans le delta du Mississipi en échange d’une virtuosité sans égal à la guitare… Robert Johnson , qui reprit la légende pour forger la sienne est encore aujourd’hui considéré comme l’un des meilleurs guitaristes de tous les temps!

La couverture du premier tome était une référence évidente aux gravures accompagnant le livre de
Mark Twain et pouvait se prendre comme une invitation au voyage. Avec celle du second tome, magnifiquement réalisée, on est d’emblée happé par le souffle de l’aventure qui balaye l’album.

Le dessin réaliste de Cuzor, qui semble apprécier particulièrement la période, nous immerge dans l’époque, de même que la mise en couleur de l’album. Seul petit bémol, le rendu du mouvement des trains qui semblent parfois à l’arrêt alors qu’ils filent à vive allure…

Pour l’anecdote, O’Boys, titre de la série, semble dérivé de l’expression « Oh boys, let’s go ! » qui aurait donné le nom de hobo aux sans-domiciles se déplaçant de ville en ville en se cachant dans des trains de marchandises.

O’Boys est une série d’aventure magnifique ou l’on parle de liberté, de rêves et d’illusions sur un air de blues en mineur. Le troisième tome devrait clore cette série indispensable.