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Gainsbourg - (vie héroïque)
Gainsbourg - (vie héroïque)



Fiche descriptive

Comédie dramatique

Joann Sfar

Eric Elmosnino, Lucy Gordon, Laetitia Casta...

20 janvier 2010

2h10

Chronique
Gainsbourg - (vie héroïque)
Poétique et flamboyant

La vie de Gainsbourg, du jeune Lucien Ginsburg dans le Paris occupé des années 1940, jusqu'au poète, compositeur et chanteur célébré dans le monde entier.

Le film explore son itinéraire artistique, du jeune homme épris de peinture à la consécration de sa musique dont l'avant-gardisme en a fait une véritable icône de la culture française. Mais aussi la complexité de sa vie adulte à travers ses amours tumultueuses.
un excellent film!


Poétique et flamboyant
Gainsbourg - (vie héroïque) a la couleur du biopic, le goût du biopic, mais ce n’est pas un biotic… En tout cas pas seulement. Mettant en scène l’un des artistes français les plus talentueux, mais aussi l’un des plus sulfureux, du XXième siècle, la bande annonce mettait l’eau à la bouche avec des acteurs habitant leurs personnages de façon plus que saisissantes, à commencer par Eric Elmosnino… Mais le film réserve aux spectateurs une surprise de taille car la bande annonce, si elle montre que Joann Sfar, auteur de BD connu mais qui fait ses premiers pas derrière la caméra, maîtrise son sujet, elle n’annonce en rien l’aspect conte à la lisière de fantastique que constitue ce film.

Avec la poésie et la sensibilité qui caractérise le scénariste et dessinateur Joann Sfar, le film met en scène un Gainsbourg touchant, à la fois poétique, sensible et fantasque, parfois pathétique, empruntant sa flamboyance à Cyrano, son charme à Don Juan, son mystère inquiétant à Mister Hyde, le tout lié par caractère d’enfant gâté qui parvient avec une facilité désarmante à captiver son entourage qui a la fâcheuse tendance à briser ce qu’il touche.
Le personnage incarné par Doug Jones (la Gueule) est une trouvaille délicieuse qui donne un aspect presque surréaliste à cette œuvre… Cette sorte de double inquiétant qui suit le jeune Lucien comme son ombre apporte une touche d’audace et de folie au personnage de dandy pas encore désabusé. Il le pousse en avant quand sa trop grande timidité l’entrave, à la fois mauvais génie et ange gardien, le pousse à devenir l’artiste majeure de la chanson qu’il a toujours considéré comme un art mineur.

Si le film, sa première partie notamment, baigne dans l’univers du conte, avec le jeune Lucien Ginsburg qui vient rythmer le film, comme pour expliquer combien le génie et la fragilité de l’artiste puisaient leurs sources dans l’enfance, c’est sans doute un Gainsbourg proche de la réalité qui est ici dépeint, avec des artifices surprenants et déstabilisants mais néanmoins particulièrement bien trouvés. En cela, Gainsbourg - (vie héroïque) innove, en ne proposant pas un biopic ayant pour but de retranscrire la réalité de ce qui fut le chanteur/ compositeur, mais en proposant une vision de ce qu’il fut, et en réveillant dans le spectateur la force des émotions, parfois contradictoires, que l’artiste a pu faire naître, par ses musiques, ses textes, ses coups de gueules et ses provocations. On y retrouve le Gainsbourg et le Gainsbarre, sorte de Docteurr Jekyll et de Misterr Hyde, à ceci près, comme le souligne Sfar, que l’artiste a choisit d’endosser le costume défraîchit d’artiste maudit, ivre et débraillé… Un film sur un personnage qui s’invente et se réinvente perpétuellement, jusqu’à se perdre lui-même…

Sfar, artiste reconnu du neuvième art, sera attendu au tournant avec ce premier film qui marque ses premiers pas dans le septième art. Sa construction scénaristique, ses choix graphiques en matière de photo, son sens du cadrage, sa poésie et son utilisation plus que pertinente des musiques de Gainsbourg en font un essai plus que réussi. Reste à savoir s’il parviendra à convaincre et les fans de Gainsbourg, et les cinéphiles, tant le délicieux décalage entre la bande annonce et le film peut surprendre… ou envoûter… Pour ma part, j’ai adoré, sentiment renforcé par le fait que j’ai eu la chance de le visionner dans sa première projection publique en présence de l’auteur cinéaste au St Ex à Strasbourg… Profitons en pour remercier le Star et le Saint Ex pour leurs programmations et ces rencontres d’une grande richesse qu’ils permettent de faire !
Le Korrigan




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