Live War Heroes, premier album scénarisé par Fabrice David avait été très remarqué, tant pour son scénario solidement charpenté que pour les dessins d'Éric Bourgier... Les deux compères allaient d'ailleurs récidiver avec le même brio en signant Servitudes, remarquable série qui dénotait avec la production actuelle par le remarquable travail réalisé par les deux auteurs sur le background de l'histoire.

Les Voies du Seigneur, dessiné par le jeune (et talentueux!) dessinateur barcelonais Jaime Calderón, prennent pour cadre l'Histoire à travers quatres tomes liés par un étrange parchemin. Prenant racine à l'époque tourmentée qui vit Guillaume le Bâtard se parer du surnom de conquérant, l'histoire se poursuit sur les terres d'Orient, à l'époque qui vit naître les Miles Christi, plus connus sous le nom de Templier.
Secondé par Gregory Lassablière, avec qui il co-signe la série Bravesland, Fabrice David nous prouve une fois encore qu'il n'a pas son pareil pour poser le décor d'une histoire tout en la déroulant de façon impeccable. Dès 1066 – Hastings, premier tome de la série, on ne pouvait qu'être admiratif devant la facilité avec laquelle le cadre historique est décrit avec finesse de façon diffuse mais prégnante et ce sans ralentir le rythme soutenu de l'intrigue.
Les rapports de force sur ces terres qui ont vu naître les trois grandes religions sont ainsi décrites avec précision, des motivations des croisés aux tensions existant entre fidèles des enseignements du Prophète. La carte du Vinland, enjeu de bien des luttes, qui sert de fil rouge à la série est particulièrement bien exploitée. Sans sombrer dans un travers ésotérique à outrance, elle apporte une note sibylline à ce récit qui s'ancre dans les zones sombres et mystérieuse de l'Histoire...

Jaime Calderón fait une fois de plus montre de son talent de metteur en scène, à l'aise tant dans les scènes d'action que dans la scène plus contemplatives où l'on peut admirer le travail sur les architechtures. Si la mise en couleur de Romain Lubière est plus que convaincante, les couvertures de la série sont elle de toute beauté, avec des cadrages surprenants et pour le moins intrigants...

Le subtil mélange entre fiction et réalité historique est incontestablement le point fort de cette série fort bien documentée qui s'appuient sur le mythe des Templiers qui auraient, à la suite de Leif Ericson et bien avant Christophe Colomb, posé le pied sur aux Amériques. Une série passionnante qui ravira les amateurs d'Histoire et des mythes qui s'y enracinent...