« J’ai treize façons de raconter ma vie et je ne sais pas s'il y en a une de vraie, ou même si l’une est plus vraie que l’autre. ». Ansi parlait le grand Hugo Pratt dont on ne sait, parmi ses diverses biographies, quelle est la part de réalité, de d‘imaginaire ou de rêve. Mais il est certain qu’il pourrait sans doute, à l’instar d’un Flaubert, déclarer à propos du plus célèbre des êtres de papier auquel il a donné vie, «  Corto Maltese, c’est moi ! ».

Hugo Pratt, un gentilhomme de fortune est une vision romancée de la vie de cet auteur qui a usé ses chaussures aux quatre coin du globe. Véridique ou fantasmée, force est de reconnaître qu’on prend un réel plaisir à découvrir la vie aventureuse du père de Corto, cet énigmatique marin. Plus encore, le lecteur attentif décèlera bon nombre de références aux travaux de Pratt, une case faisant directement référence à une autre puisée dans les aventures de Corto. Et quel plaisir de découvrir à travers des personnages secondaires les esquisses de certains personnages emblématiques de l’oeuvre d’Hugo Pratt. Ajoutons à cela une approche intéressante de cette période troublée, un fragment de l’histoire de l’Italie, de la conquête de l’Ethiopie en passant par le joug fasciste et nazi qui écrasèrent la botte durant de longues et douloureuses années…

Graphiquement, le style de Paolo Cossi évoque celui de Pratt à travers ses aquarelles mais sans jamais s’essayer à copier le maître italien qui emporta avec ses crayons et ses pinceaux des générations de lecteur dans des aventures époustouflantes.

Guitariste, romancier, dessinateur, rugbyman, coureur impénitent, aventurier, voyageur… L’homme a eu mille vies., vécue ou rêvées… Ce n’est que justice de faire de ce héros de roman un personnage de bande dessinée, et Paolo Cossi le fait avec un talent qui force le respect…