Les faux visages nous entraînent à la découverte d'un des plus célèbre gangs de braqueurs qui sévirent durant les années fric que furent les années 80. Entre le 6 octobre 1981 et le 14 janvier 1986, il s'attaquèrent à 27 banques avec une audace peu commune, braquant parfois plusieurs banques dans la même journée, délaissant les bas traditionnels pour se mêler, masqués par des postiches, aux clients de la banque... La presse en fit ses gros titre et aida à forger la légende du gang des postiches dont l'histoire s'étire sur plusieurs décennies, de 1975 aux premières années du nouveau millénaire qui vit les derniers (et ultimes ?) rebondissements de l'affaire...

Les auteurs (David B. qui délaisse ses habiles crayons et Hervé Tanquerelle révélé par le Leg de l'Alchimiste) s'appuient sur une base documentaire et historique solide pour nous faire revivre ces épisodes du grand banditisme entrés depuis dans la légende dorée des braqueurs de génie qui, pendant longtemps, ne firent pas couler le sang. La reconstitution de la France de l'époque est particulièrement réaliste. Hervé Tanquerelle adopte un style graphique qui colle parfaitement à l'histoire et immerge le lecteur au cœur de ce groupe hétéroclite, de cette bande de copains plus que de voyous, qui ridiculisa les autorités de l'époque en frappant là où ça faisait mal : l'argent... Le dessinateur s'est amusé à truffer le décor de références personnelles que les amateurs ne manqueront pas de découvrir, au détour d'une enseigne ou de la pub figurant sur un véhicule...

La façon dont les auteurs parviennent à tisser ce qu'aurait pu être les relations entre ces braqueurs est à la fois crédible et saisissante, comme si David B. avait cherché à tenter de comprendre comment cette bande bigarré a pu si longtemps se jouer de la police... Police qui, entre policiers ripoux attirés par l'argent facile et la guerre des polices, ne sort pas grandie de l'album,

L'époque, les dialogues finement ciselés, le caractère des personnages et l'ambiance qui baigne l'album évoquent les films d'Audiard et la lecture de ce petit bijou est un enchantement. Les Faux Visages (références aux Faulx-Visaiges évoqués par Marcel Schwob) est un album de genre impressionnant de maîtrise qui ravira les amateurs de polar et ce d'autant plus qu'il s'appuie sur une base historique solide et captivante... Un nouveau sans faute