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Minus
Minus



Fiche descriptive

Roman Graphique

Rica

Rica

Drugstore

Roman Graphique

25 janvier 2012

Chronique

Minus a une vie minable : un job pistonné par son père (à qui il doit son surnom) où il fait semblant de servir à quelque chose, une relation sexuelle passionnelle avec sa main droite, et une vie amoureuse réduite à néant. La particularité de Minus, c'est qu'il en a conscience. Il est cynique, ou paresseux, ou juste coincé...

Peu importent les raisons : Minus se satisfait pour l'instant de cette vie-là, à mater discrètement les nichons des filles dans le bus, à taquiner Brutus, son cerbère de voisin, ou à se coltiner l'humour pathétique de ses collègues de travail. Parmi ces derniers, il y a bien la splendide Virginie qui sauve la mise ! Le problème est qu'il a un ticket avec elle, et pas question de tomber dans les problèmes qui vont avec la mise à la colle...

Il en est là, Minus, lorsqu'il se fait livrer un de ces incroyables jouets sexuels, une poupée pleine d'accessoires dont le réalisme troublant lui fait vite oublier sa relation fidèle et perdre de plus en plus pied avec une réalité dans laquelle il ne trouve pas sa place. Dans un noir et blanc fortement inspiré du comics underground et d'un trait sans pitié pour les faciès humains, Rica nous emmène une nouvelle fois dans les noirs tréfonds de l'âme humaine. Tout cela saupoudré avec une dose égale de sadisme et d'empathie...
un bon album !


puissant et dérangeant
Minus nous conte l'histoire d'un asocial que le regard méprisant qu'il porte aux autres rend des plus antipathiques. Son absence d'émotions, son défaut d'empathie, son incapacité à nouer une relation authentique avec les autres évoque le personnage de Dexter de Jeff Lindsay. D'ailleurs, à l'instar du tueur en série popularisé par la série télé, Minus emporte avec lui un sombre passager qui s'exprime par une inavouable addiction au sexe.

Adepte frénétique de l'onanisme, qu'il pratique avec assiduité dans des versions particulièrement perverses, il tente tant bien que mal de sauvegarder les apparences d'une vie sociale alors qu'il ne voit les autres, les femmes en particulier, qu'en tant qu'objet d'assouvissement de ses pulsions. Branleur, dans tous les sens du terme (à tel point qu'il se demande parfois qui fait le boulot pour lequel il est payé), il s'enfonce au fil des pages, perdant peu à peu le contact avec une réalité déprimante sur laquelle il porte une regard à la fois lucide, cynique et désabusé. Plus que sa vie qu'il exècre, c'est ce qu'il est et qu'il déteste que Minus cherche à fuir... Plutôt que de chercher à s'extirper de sa déprimante existence, il décide de s'y noyer, de s'y abandonner, de perdre pied totalement... Enchaînant les cuites et les rencontres sans lendemains, il repousse les avances de la délicieuse Virginie, sentant qu'elle demande plus qu'une partie de jambe en l'air... De dérives en dérives, de fuites en avant en renoncements, les aventures de Minus ont tout du suicide social.

Le dessin semi-réaliste de Rica rappelle le trait de Mezzo dans Le roi des mouches, la couleur en moins, ou celui de Charles Burns (Fleur de peau, Black hole...). Son traitement des hallucinations de Minus est particulièrement efficace, plongeant le lecteur dans sa folie furieuse. Les planches sont d'une rare crudités et accentuent le cynisme désabusé de Minus et le recours à la voix off nous permet de mieux appréhender le néant de sa vie.

Minus est un album surprenant, dérangeant, suffoquant même par moments. Reste cette petite note d'espoir qui confère une certaine respiration à l'album tout en atténuant la noirceur... Un album à ne pas mettre entre toutes les mains mais qui aborde par un biais intéressants la déshumanisation de notre société.
Le Korrigan




Inspiration jeux de rôle

Cette fiche n' est référencée comme inspi pour aucun jeux de rôle.