Crépuscule marque la fin du premier cycle de Druides, série qui a révélé l'impressionnant talent de Jacques Lamontagne dont les planches impressionnent par leur construction, la qualité du dessin et leur mise en couleurs très soignée. Véritable clef de voûte de ce premier cycle, l'album apporte les réponses aux nombreuses questions posées par cette histoire qui prend place alors que le christianisme imprime durablement sa marque sur les territoires celtes.
Jean-Luc Istin et Thierry Jigourel ont su tisser une intrigue de haute tenue se situant à la confluence de nombreux genres, entre le polar, le fantastique, le récit historique, les mythes et les légendes... Le duo d'enquêteur que forment Gwenc’hlan et son apprenti Taran n'est pas sans évoquer une version païenne de Guillaume de Baskerville et Adso de Melk. Le druide et le franciscain sont tous deux dotés d'un sens aigu de l'observation et de la déduction, une grande confiance en leur jeune élève et l'ouverture d'esprit nécessaire pour mener à terme ces épineuses enquêtes... Cet ultime volet se déroule entre deux mondes, entre deux continents, et les intrigues filées entre les terres celtiques et le nouveau monde (que certains historiens pensent avoir été découvert par les celtes) impulsent au récit un rythme des plus soutenu. Les révélations s'enchaînent, présentant au lecteur un bien sombre tableau des tenants et des aboutissants des tragiques événements qui ont endeuillé l'île de Bretagne. Les masques tombent et le final est à la hauteur des attentes des lecteurs les plus exigeants.
Une fois encore, la couverture de l'album est de toute beauté. Elle accroche d'emblée le regard, à la manière des illustrations de Frank Frazetta qui n'avait pas son pareil pour esquisser les contours d'un univers en une seule illustration. A noter le léger changement de maquette de couverture sans que la tranche de la série ne soit modifiée... Ce sixième tome ne dépareillera donc pas dans votre bibliothèque! (Voilà qui devrait rassurer les collectionneurs pinalilleurs
)
Les scènes d'action, celles de combat en particulier, sont superbement bien rendues. On y sent la furent et le sang, on y entends les cris enragés, le métal des armes qui s'entrechoquent, le tout en cinémascope, avec une profondeur de champ épatante. Le travail de Jacques Lamontagne sur cet album est, une fois encore, en tous points remarquable. Il parvient à donner vie à cette époque et aux hommes et femmes qui y vivaient, à crédibiliser l'histoire en l'ancrant dans l'Histoire, malgré les éléments fantastiques qui émaillent le récit...
Ce sixième tome clôt ce récit plein de mystères de façon convaincante, apportant les réponses aux questions soulevées par les tomes précédents. Si l'atmosphère oppressante évoque celle du Nom de la Rose d'Umberto Eco, les auteurs sortent du huis clos pour s'ouvrir sur de nouveaux horizons, conférant au récit une note aventureuse des plus rafraîchissante. La dernière case est une porte ouverte sur un second cycle qui présentera sur trois tomes une nouvelle enquête Gwenc’hlan et du jeune Taran... Pour le plus grand plaisir des lecteurs, amateurs de polars historiques bien ficelés, alors que l'ombre de la croix s'étend sur les terres celtes... Vivement ce second cycle!