Hell West est un western fantastique original qui pose en quelques pages les contours d'un univers étrange et envoûtant où histoire et fantastique se côtoient et s'entremêlent inextricablement.

On est d'emblée frappé par la qualité du dessin de Fred Vervisch dont on sent le fort potentiel, malgré quelques imperfections. Son travail sur noir et blanc (ou sur blanc et noir pour certaine case) est saisissant. Il se dégage de ses planches une force évocatrice édifiante. Sa narration est d'une extrême fluidité et son sens du mouvement remarquable. Son trait dynamique et inventif sert admirablement bien l'histoire et l'univers concocté par Thierry Lamy, scénariste polyvalent à qui l'on doit notamment l'édifiant Skraeling mis en image par l'époustouflant DamienVenzi. Nous avions été impressionné par la première série de Fred Vervisch (le tarantinesque polar Assassination, 2 tomes aux éditions Carabas) qu'il scénarisait et qui faisait déjà montre d'une grande maîtrise graphique, tant dans la construction des planches que dans son trait élégant et stylisé.

L'histoire chorale imaginée par Thierry Lamy s'inscrit dans la veine du western qu'il teinte fortement de fantastique. Empruntant à la légende de l'ouest certains personnages, en imaginant d'autres à partir d'archétypes du western, puisant ses créatures dans les mythes indiens, le scénariste a crée une galerie des personnages des plus foisonnante, la palme revenant à Agathon, prédicateur illuminé particulièrement ravagé... Les répliques sont savamment travaillée, inscirvant la série dans la veine du western spaghetti popularisée par Sergio Leone.

Sur fond de conquête de l'ouest où les terres convoitées ne sont pas uniquement peuplées d'indiens mais aussi d'inquiétantes créatures monstrueuses, les auteurs sont parvenu à bâtir une histoire très originale prenant place dans un univers très personnel qui devrait enchanter les joueurs de Deadland, un jeu de rôle mêlant western spaghetti et occultisme dans un cocktail terrifiant et jubilatoire...

Frontier Force est un premier tome convaincant signé par deux auteurs talentueux. A lui seul, il justifie l'aventure éditoriale audacieuse entamée par les Editions Sandwave... Puisse le prochain tome être à la hauteur!

Thierry Lamy (scénariste du magnifique Skraëling) nous concocte un western fantastique pour le moins étonnant. Il fait montre une nouvelle fois de réelles qualités dans la construction et la maîtrise de la narration. Utilisant les codes du western, des personnages réels (Grant, Custer, Buffalo Bill,…) et des éléments fantastiques, il nous plonge dans un monde personnel pour le moins original. La galerie de personnages est étonnante même si on ne fait pas spécialement dans la subtilité. Ici tout est à l’image de ce monde sauvage et dure. Le rythme est endiablé; pas de questions superflues à se poser, on se laisse entraîner par les évènements. Les dialogues sont percutants avec quelques clin d’œil (à Springsteen, à Gainsbourg).

Et le dessin de Vervisch est absolument étonnant. Si au feuilletage il peut paraître simple et sommaire, c’est tout le contraire que l’on ressent une fois plongé dans la lecture. Il est extrêmement évocateur. Il apporte beaucoup de fluidité à la lecture et beaucoup de dynamisme. On s’immerge facilement de ce monde d’ombre et de lumière. Le jeu de noir et blanc est osé et globalement bien réussi, le regard glisse sur formes sensuelles, s’arrête sur des regards bien mis en valeur, se fige devant des formes inquiétantes. Bref, alors que je n’étais pas de prime abord convaincu par l’exercice de style, j’ai été conquis.

De l’aventure pure et dure, un monde et des personnages pleins de possibilités, un moment de lecture jubilatoire. Vivement la suite.