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La fin de l'innocence
L'Assassin qu'elle mérite



Fiche descriptive

Thriller

L'Assassin qu'elle mérite

Tome 2

Wilfrid Lupano

Yannick Corboz

Catherine Moreau, Yannick Corboz

Vents d'Ouest

Hors Collection

23 mai 2012

Chroniques

Le piège se referme sur Victor… mais les chats se sont désintéressés de leur proie

Pour l’amour de l’art, deux riches noceurs ont fait le pari de transformer un jeune homme pauvre en ennemi de la société. Choisissant au hasard, ils ont abreuvé Victor Wickhoff de richesses et de luxure avant d’arrêter brutalement leurs largesses et de l’abandonner à son sort. Perdu, frustré, Victor tente de se venger l'arme à la main, mais l'affaire tourne au fiasco. Il s'enfuit, et c’est son père qui est arrêté à sa place…

Le jeune homme, plus seul que jamais, est recueilli par Hermann, un ouvrier au chômage, militant des théories antisémites qui se développent dans la Vienne de 1900. Il propose à Victor une inquiétante lecture de ses malheurs : celle du complot juif...
un chef d'oeuvre!


Un destin faustien
Servi par un dessin dynamique de haute tenue au service d'un scénario original et sulfureux , Art nouveau, premier tome de l'Assassin qu'elle mérite, fut incontestablement l'un des albums les plus remarquables de l'année 2010.
Aux commandes de cette enthousiasmante série, Yannick Corboz et Wilfrid Lupano qui signèrent ensemble le drolatique, poétique et romantique Célestin Gobe-la-Lune. On pourrait égrainer les albums scénarisés ou dessinés par ces auteurs qui sont autant de perles du neuvième art (Alim le tanneur, l'Homme qui n'aimait pas les armes à feu ou l'Ivresse des fantômes pour Lupanon, mais aussi le brillant Voies off scénarisé par Nicolas Pothier et mis en image par Corboz) et le nom de ces deux auteurs suffisaient, la superbe couverture du premier tome et le titre intrigant de la série conférait au lecteur une furieuse envie de s'y plonger...

Par son aspect quelque peu malsain, le scénario évoque le chef d’œuvre d'Oscar Wilde, le portrait de Dorian Gray auquel Alec, dandy cynique et désinvolte, qui par jeu artistique va façonner un jeune homme pour en faire l'ennemi de la société. Lui ouvrant les portes d'un monde de plaisirs et de voluptés avant de l'en sevrer, il va attiser la haine de Victor Wickhoff envers lui et les notables nantis qui s'autorisent tout par le pouvoir de l'argent. Les écarts qui clivent la société viennoise aux premières heures du XXième siècle sont fort bien rendues et retranscrivent fidèlement l'atmosphère de ce début du siècle de même que l'antisémitisme qui s'y répand comme un poison, sur le terreau fertile de la misère. N'est-ce pas dans cette ville et sous l'impulsion du maire populiste Karl Luege élu en 1897 et sa propagande nauséabonde que s'est forgé l'antisémitisme du plus grand monstre du XXième siècle?

Le piège se referme sur Victor, alors que ses deux pygmalion se désintéressent de lui. Aveuglé par la haine et l'incompréhension, il ouvre le feu sur Alec dans un restaurant bondé et s'échappe... Recherché par la police, il va être recueilli par un ouvrier au chômage pétri d'idéologie antisémites auquel Victor, plus seul que jamais, va s'accrocher désespéramment...

Le scénario de ce tome est captivant et la fin laisse augurer une conclusion des plus intéressante. Comme de coutume, Wilfrid Lupano a peaufiné ses dialogues avec la verve et le mordant qu'on lui connaît, étoffant par la même le caractère des différents protagoniste de ce drame social...

Le dessin de Yannick Corboz est une fois de plus d'une redoutable efficacité. Son encrage si particulier mettant en valeur les personnages en estompant le décor confère au récit un incroyable dynamisme. Le soucis du détail apporté au décor, opposant les lieux de fastes et de voluptés des quartiers huppées aux habitations étriquées des quartiers pauvres est saisissant. Son découpage de haute tenue et sont trait semi-réaliste délicieusement caricatural sert formidablement bien ce récit dont les couleurs ne dépareillent pas...

Wilfrid Lupano est décidément un conteur d'histoire hors paire qui nous entraîne dans chacun de ses univers avec une facilité désarmante... Et comme il sait s'entourer de dessinateurs for talentueux, chacun de ses albums est une délicieuse découverte... La fin de l'innocence confirme tout le bien que l'on pensait du premier tome de cette série qui s'impose déjà comme l'un des chef d’œuvre du neuvième art...
Le Korrigan




Inspiration jeux de rôle

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Maléfices a pour cadre la France de la Belle Époque (1870-1914), où les superstitions campagnardes et la mode citadine du spiritisme côtoient la pensée scientifique.
Crimes se déroule à la même époque et inscrit dans la tradition des littératures classique, fantastique et horrifique du XIXe siècle.