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Motherfucker (Tome 1)
Motherfucker



Fiche descriptive

Chronique Sociale

Motherfucker

Tome 1

Sylvain Ricard

Guillaume Martinez

Noir et Blanc

Futuropolis

06/2012

Chronique
Motherfucker (Tome 1)
Un témoignage clinique

Il s’appelle Vermont Washington. Si son patronyme est symbole de liberté pour l’Amérique, il ne l’est pas pour lui, jeune afro-africain.
Il habite à Los Angeles, dans le quartier de Watts, célèbre pour les émeutes survenues, en août 1965, à la suite du 100è anniversaire de l’abolition de l’esclavage aux Etats-Unis.

Son quotidien, et celui de sa famille, n’est fait que d’injustices, de restrictions, de discriminations et d’humiliation. Ils sont victimes du racisme ordinaire, qui sévit encore en ces années soixante, où le Ku Klux Klan, vestige insupportable de l’esclavage, n’en finit pas de mourir. Une haine omniprésente perçue à travers le travail, l’éducation, les lieux publics… Même les forces de l’ordre soudoyées participent à cette discrimination générale.
un bon album !


Un témoignage clinique
Vermont Washington : un prénom correspondant au premier territoire qui a rejoint les treize États fondateurs des États Unis d'Amérique ; un nom que portait le premier président de l’Union, co-participant à la rédaction de la constitution américaine. Malheureusement pour lui, sa vie est aux antipodes des idéaux attachés à ces symboles. Victime au quotidien du racisme et de la ségrégation, il a rejoint les Blacks Panthers pour faire avancer les droits des Noirs.

Sylvain Ricard poursuit son exploration de sujets de société (la maladie avec La mort dans l’âme, les conditions de détention avec 20 ans ferme), s'intéressant ici à la situation des Noirs américains au milieu des années soixante. Son approche est plutôt intéressante puisqu'elle s'effectue à travers le prisme des Blacks Panthers, groupement sans doute pas bien connu du grand public. La structure du récit est basée sur la vie quotidienne de Vermont et est découpée en fonction des dix points de revendications du mouvement. Dans ce premier tome, les réclamations portent sur la liberté, l’emploi, le partage des richesses, le logement et l’éducation.

La description de cette discrimination « ordinaire » est plutôt efficace. L’auteur renforce son propos en se penchant sur les états d’âmes qui traversent la communauté noire : le renoncement et la soumission contre le militantisme et l’intransigeance, l’incompréhension des enfants face à des situations qui les dépassent, le désespoir devant un avenir compromis pouvant mener au radicalisme. Toutefois, la narration s’avère un peu trop linéaire,la démonstration prenant le pas sur ce qui est raconté. Ainsi, le message est habilement transmis mais manque néanmoins un peu de vitalité. Le scénariste concentre son propos sur les difficultés auxquelles est confrontée cette famille, sur le militantisme, mais occulte pour ainsi dire le reste de leur existence. Au final, cet aspect un peu froid, clinique, peut laisser le lecteur légèrement en retrait.

Guillaume Martinez rend une partition graphique en noir et blanc pleine de justesse. Son lavis à l’encre de Chine compose des ambiances très réalistes et fait vivre les émotions sur les visages. Son travail de mise en scène, très cinématographique, contribue à l’aisance de lecture.

Une histoire froidement pragmatique, qui témoigne d’une époque charnière de la construction d’un pays qui se veut le chantre de la liberté, mais qui finit par ressembler un peu trop à une litanie d’injustices.
mome



Inspiration jeux de rôle

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