À la frontière albano-kosovare, des trafiquants sont interceptés par l’armée. Après des échanges de tirs nourris, les bandits préfèrent faire exploser leurs camions. Leurs marchandises : des jeunes femmes ! Choqué, le Président français annonce qu’il va demander une intervention militaire de l’OTAN afin de garantir l’autorité et lutter contre les réseaux mafieux. Bien entendu, cette décision déplaît fortement à un influent « parrain » albanais, qui prend des mesures pour faire fléchir la France et doit affronter des tensions avec son puissant client américain, qui, de son côté, va chercher à effacer tout moyen de remonter jusqu'à lui. Sisco part à New-York quelques jours avant le Président et ne se doute pas que le séjour va s’avérer plein de surprises.

La série Sisco, du nom d’un membre des services secrets élyséens, dont le premier tome est sorti en janvier 2010, s’impose doucement dans le paysage du thriller politique. Ce cinquième opus s’appuie clairement sur les éléments qui font la force de ces aventures. Tout d’abord, un scénariste, Benec, qui possède un solide sens du suspense et construit une nouvelle fois une narration rythmée. Il s’appuie sur des projections géopolitiques vraisemblables conférant un réalisme intrigant, même s’il n’est pas question, ici, d’intellectualiser le propos.

Ensuite, un héros qui sort des standards habituels. Sisco n’est pas vraiment sympathique, il semble parfaitement adapté à son milieu professionnel : froid, distant, sans états d’âmes ni scrupules, son professionnalisme est certain. Par contre, sur le plan intime, il semble avoir beaucoup de difficultés à entretenir des relations, amoureuses et autres, et les évènements de New-York pourraient bien le toucher profondément. En continuant à dévoiler au lecteur des bribes de l’homme, l’auteur étoffe agréablement son héros.

Le style pratiquement photographique de Thomas Legrain sied parfaitement à l’histoire. Ses décors sont réalistes, ses protagonistes dynamiques, expressifs et différenciables. Il est possible de regretter un peu d’imprécision sur les visages féminins, mais l’essentiel est que le dessinateur ait réussi à donner un style à cette saga.

Un personnage attirant, des aventures bien construites et qui se renouvellent, et une mise en image attrayante et efficace : tout ce qu’il faut pour distraire et durer.