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Ceux qui vont mourir
Urban



Fiche descriptive

Anticipation

Urban

Tome 2

Luc Brunschwig

Roberto Ricci

Giovanna Niro, Roberto Ricci

Futuropolis

7 février 2013

Chroniques

Dans un futur pas si lointain, sur 300 000 hectares, avec deux niveaux d'accès et près de 18 millions d’entrées par jour, Monplaisir est le plus grand parc d'attraction de la galaxie, ainsi que la ville de tous les vices ! Un monde où l’humanité exploitée peut profiter, deux semaines par an, de multiples plaisirs sans aucune limite.

Les résidents y croisent aussi bien les visiteurs en mal de divertissement, que des malfrats en tous genres. Pourtant, la cité est extrêmement contrôlée : système d’intelligence artificielle, nommée A.L.I.C.E., robots nettoyeurs, caméras vidéo de surveillance avec retransmission sur écrans géants...

À cela s’ajoute la brigade des Urban Interceptors, qui combat les criminels et autres meurtriers. Zachary Buzz a quitté sa campagne et ferme natales, pour intégrer cette brigade d’élite, extrêmement convoitée. Alors qu’il aurait dû affronter lors de son premier combat « télévisé » le redoutable Antiochus Ebrahimi, tueur à gages, c’est son collègue Isham qui meurt, en direct, sous les yeux de la population avide de grand spectacle et d’un petit garçon, fasciné par les Urban Interceptors…

Zachary Buzz se lance sur les traces d’Ebrahimi. Une traque sanglante dans les rues de Monplaisir, où le cynisme côtoie la cruauté, et où les plus vils aspects de l’être humain deviennent la norme. Et comme on est dans la capitale du plaisir, où tout est prétexte à jouer et se divertir, les paris sont lancés
un chef d'oeuvre!


Un regard sombre, cynique et lucide…
L’amateur de cyberpunk que je fus dans mes années estudiantines se rappelle la grosse claque que fut le premier et unique tome d’Urban Game scénarisé par Luc Brunschwig et mis en image par Jean-Christophe Raufflet. Pourtant, entre cette série avortée et Urban, il y a un gouffre, que dis-je, un monde! Résolument différente dans son approche, ce scénariste épatant nous a entraîné avec La règles du jeu à la découverte d’univers futuriste glaçant et de la ville de Monplaisir, mégapole dédiée uniquement au plaisir des milliers de touristes venant y dépenser en deux semaines l’argent durement gagné en une année de dur labeur. A travers les yeux naïfs de Zacchary Buzz venu y intégrer la meilleure police du monde, les Urban Interceptor, le lecteur découvrait une société contrôlé à l’extrême à grands renforts de caméras intrusives et d’écrans géants, le tout contrôlé par d’A.L.I.C.E, un système automatisé totalement déshumanisé qui scrute et analyse les moindres écarts de comportement pour assurer le « bien-être » et le « bonheur » de tous…

Le premier tome, superbement mis en image par Roberto Ricci particulièrement inspiré, mettait l’accent sur des personnages forts, finement travaillé et les relations riches et complexes qui se tissent entre eux. N’est-ce pas là la marque de fabrique de Luc Brunschwig, que de placer l’humain au cœur du récit ? La société déshumanisée qu’il dépeint est particulièrement sombre et inquiétante, bien plus que celle esquissée dans Urban Games. L’histoire apparaît comme une fable moderne, une critique aiguisée de nos sociétés ultra médiatisées abreuvant les gens d’émissions de télé-réalité débilisantes. La recherche (à tout prix) du plaisir immédiat y guide plus que jamais les agissements du plus grand nombre, alors que les relations virtuelles entraîne un délitement des relations humaines, enfermant hommes et femmes dans un carcan étouffant, écrasés qu’ils sont par un système capitaliste poussé à son paroxysme, avec l’illusion de liberté que leur confère le pouvoir de l’argent…

Zacchary Buzz perd peu à peu sa naïveté initiale au contact de cette société froide et glaçante. Après avoir quitté sa campagne et sa ferme natale pour intégrer l’unité des Urbans Interceptor, il a vu mourir à sa place son collègue dans un combat télévisé contre le redoutable tueur à gage Antiochus Ebrahimi. Il va se lancer sur les traces du tueur… Mais comment retrouver quelqu’un qui peut suivre vos faits et gestes sur les multiples écrans qui ornent les façades illuminées de Monplaisir? Parallèlement au récit, on suit l’ininéraire de Ronald Olif échoué à Monplaisir il y a plusieurs années et qui tentant tant bien que mal d’y survivre. Il a pris sous son aile le jeune Niels Colton qu’il prend pour un des nombreux laissé pour compte de mégapole. Mais le jeune garçon est plein de ressources et pourrait bien être celui qui permettra à Olif de s’en sortir… Mais à Monplaisir plus qu’ailleurs, les contes de fée n’existent pas et l’histoire ne s’achèvera sans doute pas par une happy-end…

Le récit choral concocté par Luc Brunschwig est incroyablement prenant. Immergeant le lecteur au cœur d’un avenir inquiétant noyé sous un flot de paillettes, il tisse peu à peu un récit d’anticipation sombre et dérangeant qui vous prend aux tripes. Les dernières planches de l’album laissent planer de nombreuses questions sur la nature de la ville et celle de ce jeune garçon dont le destin bascule. Le travail de Roberto Ricci est époustouflant. Ses planches fourmillent de détails qui renforçent le background en esquissant l’espace d’une case des personnages surprenants, apportant une densité jubilatoire à l’ensemble. Son travail graphique est admirable et la lecture s’avère à la foi impeccable narrativement et ludique puisque l’auteur s’est amusé à truffer ses planches de clins d’œil savoureux. La colorisation est elle aussi très réussie, laissant transparaître la force du crayonné du dessinateur italien… Quand à la couverture, elle est encore plus sublime que celle du tome 1, ce qui n’est pas peu dire!

En plus de rappeler le pain et les jeux si chère aux romains et à nos contemporains, Ceux qui vont mourir est un excellent album qui développe un univers glaçant pour mieux y faire évoluer des personnages denses et complexes comme Luc Brunschwig en a le secret… Difficile de ne pas être touché, voir bouleversé, par cette histoire et par le personnage profondément humain de Zacchary Buzz. Les ruelles de Monplaisir n’ont pas encore livré tous leurs secrets et gageons que le troisième opus lèvera un pan du voile sur ce final pour le moins… explosif! Urban est une excellente série d’anticipation qui nous invite à poser un regard sombre, cynique et lucide sur les dérives de notre société…
Le Korrigan




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