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Le Serpent-Monde
Asgard



Fiche descriptive

Aventure

Asgard

Tome 2

Xavier Dorison

Ralph Meyer

Ralph Meyer / Caroline Delabie

Dargaud

25 janvier 2013

Chroniques

Pour les Vikings, un « skräeling » est un infirme de naissance, autant dire une malédiction. Pourtant, Asgard, ancien guerrier de la Hilde, surnommé 'Pied-de-fer' à cause de sa jambe d'acier, est le plus grand chasseur du Fjördland. Embarqué sur un drakkar de fortune, Asgard se lance à la poursuite d'un monstre marin mystérieux qui massacre les pêcheurs. Tandis qu'ils s'enfoncent dans les fjörds glacés, ses compagnons de voyage se persuadent que la créature qu'ils poursuivent est le serpent-monde, dont la venue annonce la fin du monde viking... Le Ragna Rök.
un excellent album!


La relecture d'un mythe
Si Asgard a toutes les apparences d'une saga nordique, le lecteur attentif percevra rapidement que de nombreux ponts existent entre ce diptyque signé par Xavier Dorison et mis en image par Ralph Meyer et le chef-d’œuvre de Herman Melville. On y retrouve tout d'abord un héros unijambiste qui risque sa vie pour affronter un monstre titanesque dont les deux albums sont le récit. Mais, comme dans Moby Dick, le récit est l'occasion pour ses auteurs d'aborder des notions plus universelles, telle la notion de Bien et de Mal, le concept de classe sociale ou l'existence et l'importance des dieux et leur influence supposée sur le monde des hommes. Des premières pages à la dernière, l'ombre de Melville plane ainsi sur ce récit épique.

Le serpent-monde s'ouvre là où Pied de fer s'achevait. On retrouve Asgard-pied-de-fer, homme colérique obsédé par le monstre qu'il poursuit depuis que les viking du village de Dyflin sont venus demander son aide. Né estropié, il aurait dû mourir de la main de son père pour satisfaire les dieux. Mais ce dernier n'a pu s'y résoudre et l'a nommé Asgard par défit.

Voilà plusieurs jours qu'il était partit à bord d'un drakkar embarquant un noble, un barde, une femme et une jeune esclave. Tout laisse à penser que le monstre est mort. Il a a entraîné avec lui bon nombre des compagnons du début. L'intransigeance du chasseur de monstre, semble s'estomper peu peu à peu alors que son armure se lézarde, le rendant plus humain et par la même plus attachant. Après s'être forgé une jambe pour échapper à sa condition de skaerling et se forger un destin, il va, grâce à l'une des ses compagnes d'aventures et contrairement au capitaine Achab, trouver une sorte d'apaisement dans la lutte dantesque qui l'oppose au grand serpent. La chute de l'album apportant à ce personnage une aura toute particulière là où Achab 6disparaissait en prise à la folie furieuse qui l'habitait...

Chargé d'une portée symbolique évidente (comme pouvait l'être la baleine blanche de Melville), le krökken évoque bien évidemment Jörmungand, le Serpent-monde qui donne le titre a l'album et qui joua un grand rôle dans le Ragnarök, bataille qui marqua la fin des dieux. Ce faisant, les auteurs confèrent à leur récit une dimension mythique alors que la fin, à la fois tragique et porteuse d'espoir, lui apporte l'humanité qui en fait un grand récit.

Le dessin de Ralph Meyer est magistral. Son sens du cadrage et du découpage confèrent à ses planches une énergie saisissante. Son trait puissant, rehaussé par une mise en couleur de haute tenue, met magnifiquement en scène cette saga nordique. La couverture s'avère elle aussi construite avec une redoutable efficacité. Alors que celle du premier tome montrait un Asgard tout tendu vers son but de tuer le monstre, celle ci le montre plus en retenu, en train de protéger quelqu'un, comme si sa vie prenait peu à peu un autre tournant, annonçant par la même sa mutation à venir...

Ecrit originellement pour intégrer les Mondes de Thorgal en mettant en scène Arguun pied-d'arbre et Tjall le fougueux, le récit fut refusé ce qui a poussé les auteurs à revoir leur copie pour donner naissance à ce personnage orginal et à cette fresque épique, retranscription libre du roman de Melville dans un univers nordique s'avérant particulièrement bien approprié... Le résultat, une formidable saga, est tout à la fois haut en couleur et saisissant...
Le Korrigan




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