Haut de page.

Silence
Silence



Fiche descriptive

Roman Graphique

Didier Comès

Didier Comès

Casterman

[A suivre]

juillet 1980

Chronique

« Je mapel Silence é je sui genti. » Ainsi les lecteurs d’(À Suivre), début 1979, découvrent-ils, bouleversés, l’ouvrier agricole désarmant et mutique auquel a donné naissance un auteur belge qu’on a encore peu lu : Didier Comès. C’est un choc. Une fois consommée cette somptueuse histoire, sur une longueur très inhabituelle pour l’époque (120 planches), personne n’oubliera de sitôt cet extraordinaire personnage de simplet lumineux, exploité avec hargne par un paysan prospère du village où il vit – mais qui, en dépit d’une destinée tragique, connaitra l’accomplissement par l’entremise du vieil esprit sorcier des campagnes ardennaises…
un chef d'oeuvre!


Entre innocence et cruauté…
A l’annonce de la mort de Comès, le 7 mars dernier, j’ai eu l’envie étrange et pénétrante de me replonger dans la lecture de ce que beaucoup considèrent, à raison, comme son chef d’œuvre : j’ai nommé Silence… La magie allait-elle une fois de plus opérer à la lecture de ce roman graphique teinté de fantastique? Question stupide, évidemment, la magie opérait toujours, comme à chaque fois… Je me laissais donc happer une fois de plus dans cet univers campagnard et par ce personnage incroyable qu’est Silence, fils d’un gitan et d’une gadji… L’album exerce une fois de plus cette étrange fascination de la première lecture, faisant dans le même temps affluer les souvenirs de l’époque où j’avais pour la première fois découvert ce récit, telle une madeleine de Proust…

L’action se situe à Beausonge, paisible village des Ardennes… L’odieux Abel Mauvy exploite un jeune homme un peu simple que tout le monde appelle Silence, à cause de son infirmité… Silence ignore la haine, malgré les mauvais traitements et les brimades dont il est victime quotidiennement… Mais le village cache de lourds secrets, enfoui dans un passé que beaucoup s’efforcent d’oublier… Mais la Sorcière va apprendre à Silence sa véritable histoire, lui faisant perdre une part de son innocence en s’efforçant d’en faire l’instrument de sa vengeance… En découvrant l’Amour, Silence va-t-il se laisser gagner par la haine?

Silence est et restera l’un des chef d’œuvre du neuvième art. Sa sobriété, ses aplats d’un noir si profond montrant une maîtrise incroyable du noir et blanc, des personnages complexes d’une grande richesse, une histoire époustouflante baignée de magies et de sortilèges, des dialogues ciselés et des silences qui en disent long… et cette atmosphère qui se fait de plus en plus pesante et qui accompagne le lecteur d’un bout à l’autre de ce récit qui s’achève sur une note poétique, après le déchaînement de haine final… Magistral…

Comès n’est plus mais son œuvre lui survivra, rappelant au lecteur quel immense artiste il fut… Il s’appelait Comès, c’était un artiste…
Cette modeste chronique à rebrousse-temps est notre façon de rendre hommage à Dieter Herman Comè, l’un des derniers géants du neuvième art… Il a rejoint Pratt, son grand ami avec qui il partageait tant, l’intérêt pour l’ésotérisme et l’occultisme à cette part de rêve qui hantait chacune de leurs histoires…
Après un concerto de Mozart, le silence qui suit est encore de Mozart… Le silence qui suit la lecture de Silence est encore de Comès… Chapeau bas…
Le Korrigan




Inspiration jeux de rôle

Cette fiche est référencée comme inspi pour 1 jeux de rôle.

Maléfices a pour cadre la France de la Belle Époque (1870-1914), où les superstitions campagnardes et la mode citadine du spiritisme côtoient la pensée scientifique.
Crimes se déroule à la même époque et inscrit dans la tradition des littératures classique, fantastique et horrifique du XIXe siècle.