C’est avec plaisir et délectation que l’on se replonge une dernière fois dans cette saga familiale se déroulant XVIIème siècle sur les côtes de Bretagne. Sous la plume de Balac, qui signa les deux premiers tomes de Sambre se brosse une tragédie haute en couleur, pleine de passions et de secrets de familles… N’allez pas croire que ce scénariste talentueux n’a rien publié depuis Je sais que tu viendras... , second tome de la romantique série Sambre! Car c’est sous le pseudo de Yann (de son vrai nom Yann le Pennetier) que l’auteur a signé de nombreuses séries, drôles ou cyniques, mais toujours pleines de charmes : Basil et Victoria, Le Grand Duc, les Éternels, Odilon Verjus, Pin-up ou les irrévérencieux mais tellement jubilatoires Innommables, pour ne citer que quelques-unes de ses séries… S’il réutilise son pseudo des débuts, c’est sans doute parce qu’il y a une filiation entre la tragédie familiale des Sambre et celles des Porphyre, à commencer par ce l’aspect tragiquement romantique de ces deux récits.
Le voile va se déchirer, révélant de noirs secrets. Car si le passé de feu Hyacinthe Porphyre est entaché de sang, celui du comte de Rothéneuf, dont beaucoup espère s’approprier l’héritage, n’est pas en reste… On retrouve avec plaisir cette galerie de personnages aux caractères bien trempés dans ce véritable panier de crabe qu’est le château des Rothéneuf. Le duel qui ouvre l’album donne d’emblée le ton. Mensonges, traîtrises, empoisonnements et spiritisme sont au programme de ce dernier acte sanglant et riche en révélations. Mais à la furie déchaînée de la tempête survient le calme apaisant qui confère une parcelle d’espoir à ce récit tourmenté qui n’hésite pas à malmener les différents personnages qui, dans l’adversité, révèlent leur véritable nature, faisant tomber les masques.
Le dessin semi-réaliste de Joël Parnotte est toujours aussi efficace et élégant. La colorisation d’Angélique Césano, bien que de très bonne facture, souffre de la comparaison d’avec celle de Parnotte qui conférait à ses planches une luminosité étrange et pénétrante, presque mystérieuse, évoquant de façon saisissante cette atmosphère étrange et envoûtante qui baigne les côte de Bretagne après la pluie.
Le rideau tombe sur cette saga haute en couleur et fertile en rebondissements. Balac et Parnotte signent là une fresque romanesque haute en couleur portée par des personnages romantiques au verbe haut. Le scénariste a entrouvert quelques portes, esquissant une suite possible, de l’autre côté de l’Atlantique… Quoi qu’il en soit, on espère fortement voir prochainement le nom de Balac sur la couverture d’un album…