Avec Nukpana se clos le diptyque de l’Ours-Lune, un western chamanique particulièrement bien troussé. L’Ouest Sauvage n’en finit plus d’exercer une étrange fascination.
Des films de John Ford à ceux de Sergio Leone, le septième art ne compte plus les chefs-d’œuvre se déroulant dans ces contrées sans foi ni lois, et c’est tout naturellement que le neuvième art s’est emparé de cette thématique, avec des grands noms tels Giraud, Bouc, Swolf ou Hermann. Et si Florent Bossard signe avec l’Ours-Lune sa première série au dessin, il a fait ses armes de coloristes aux côté d’Arno Monin (L’enfant maudit), Jean-François Boucq (sur le septième opus du Bouncer, rien que ça) et Theo (le sublime Pape Terrible). Autant dire qu’en matière de colorisation, il maîtrise. Et le fait est que ces planches, rehaussées par une mise en couleurs très travaillée accrochent immanquablement le regard. Ses personnages font montre d’un charisme évident et ses décors sont de toutes beautés. Graphiquement, ce second album est une réussite aussi incontestable que le premier, posant le décor d’une nature magnifique et sauvage des plus réussies.

A partir d’un canevas classique de lutte entre les tuniques bleues et les indiens, Sébastien Viozat (Avec les morts, Ma vie de zombie, Tortuga) a tissé un récit de haute tenue, teintée de chamanisme. Une fois encore, il s’empare des poncifs d’un genre pour créer une intrigue originale et captivante portée par des personnages forts et énigmatiques. Les révélations qui ouvrent cet opus éclairent les mystères du premier opus, conférant une justification savoureuse aux étranges événements s’étant déroulés aux alentours de Fort Sutter.

1800 s’enrichit avec L'Ours Lune d’une nouvelle pépite qui, si il elle ne puise pas ses origines dans le la littérature du XIXième siècle, n’en demeure pas moins dans l’esprit de cette envoûtante collection.