Avec Ennemi Intimes s'achève une histoire haute en couleur, mêlant habilement un contexte historique et une trame fantastique.

Shangaï, 1908. Guangxu s’apprête à marcher sur Shanghaï avec l'armée de terre cuite du tombeau de l'empereur Qin, Yu Xin est plus décidée que jamais à se venger de Jade. Alors que la cité est assaillie et menace de tomber, Jade tente de faire remonter des souvenirs bien enfouis, persuadée d'y trouver la clef pour modifier le cours de l'histoire... Alors que son passé se reconstitue peu à peu, elle entrevoie les liens qui l'unissent à Yu Xin... Mais cette dernière, aveuglée par la vengeance, aura bien du mal à accepter l'évidence...

On retrouve avec un réel plaisir cette série uchronique délicieusement mise en image par Yann Tisseron. Ses dessins, au style si particulier confèrent à l'ensemble une identité graphique forte. Malgré une certaine rigidité, son trait, design et épuré, est d'une remarquable efficacité. Ses personnages ont un aspect théâtral qui crée une étrange filiation avec le théâtre chinois. Venu de l'illustration, son entrée dans le neuvième art s'avère tout à la fois remarqué et remarquable et son association avec Mathieu Mariolle s'annonce comme une évidence...
Le scénario concocté par Mathieu Mariolle (Smoke city, la Voix du Sabre, Dans la paume du diable...) est étrangement hors du temps, bien que s'ancrant dans l'histoire en décrivant, de façon fantastique, le basculement de la Chine ancestrale dans l'ère moderne.

Shangaï est un récit étrange et envoûtant qui se démarque par son histoire à la lisière du conte et de l'histoire, accentuant par l structure même du récit le basculement sus-cité... Ce qui est sûr, c'est que Shangaï marque l'émergence d'un dessinateur de talent et dont on entendra n'en doutons pas parler...