Un fois encore, il est difficile de rester insensible à la couverture de l'album qui laisse augurer de funestes événements. Le trait et les couleurs de Philippe Aymond sont une nouvelle fois d'une grande finesse et contribuent grandement à poser l'ambiance si particulière de ce récit fictif qui s'inscrit dans l'Histoire de l'écosse, qui vit en cette moitié du XVIIième siècles des heures particulièrement sombres...

Regagnant son écosse natale après un long séjour en Italie, Joseph Callander n'aspirait qu'à une existence paisible entièrement dédiée à son art. Las! Le portraitiste de talent a choisit de revenir à l'heure où les rivalités entre écossais et anglais atteignent leur paroxysme. Charles Édouard Stuart s'efforce péniblement d'unifier les clans écossais sous sa bannière pou revendiquer le trône. Joseph Callander a miraculeusement survécu à ses blessures et à la noyade grâce à Ian, un colosse quasi mutique. Amelia, la fille du Laird Gordon Menmuir, séjourne à l’hôpital de St-Andrews, enfermé dans un mutisme inextricable depuis ces tragiques événements. Une fois remis sur pied, Joseph n'aura de cesse que de trouver l'instigateur du complot dont il fut victime... Les soupçons se porte sur Williams, le frère d'Amélia et Joseph est prêt à tout pour le confondre... Mais le contexte est particulièrement troublé. Trahisons, exactions et grands sentiments se succèdent, masquant une réalité plus complexe qu'il n'y parait...

Le vent de l'aventure balaye ce drame romantique et historique concocté par Philippe Aymond. La façon dont il tisse le fil de son intrigue avec la toile de fond historique est des plus convaincante. Il parvient à préciser le contexte historique de manière didactique sans que cela ralentisse le rythme de son histoire, ce qui permet d'accentuer la dramaturgie de l'ensemble. L'enquête que va mener Joseph Callander dans ce contexte troublé est solidement charpentée et réserve quelques belles surprises au lecteur... La façon dont l'auteur a ouvert et referme ce récit, comme une parenthèse temporel, confère à l'ensemble un délicieux charme romantique, baignant le récit d'une certaine nostalgie...

Côté dessin, l'aspect sauvage et grandiose des Highlands est formidablement bien rendu par le trait réaliste de Philippe Aymond, alors que sa colorisation numérique, qui souligne avec finesse l'ambiance de chacune des différentes scènes, est remarquablement bien maîtrisée. Les scènes de batailles s'avèrent particulièrement efficaces, de même que la scène du duel opposant Joseph à Williams qui foisonnent de changement de plans, accentuant ainsi le dynamisme de cet ultime affrontement...

Highlands est un formidable diptyque qui propose un récit historique épique et généreux fort joliment construit, l'inscrivant de façon extrêmement convaincante en marge de l'histoire. On connaissait depuis longtemps le talent de dessinateur de Philippe Aymond qui a travaillé avec des scénaristes aussi talentueux que Jean Van Hamme, Pierre Christin ou Laurent-Frédéric Bollée... On sait maintenant qu'il est un auteur complet et tout aussi talentueux au stylo qu'aux crayons et aux pinceaux...