Albert Dupontel est de retour avec un nouveau film en tant que réalisateur. Après Bernie et le tueur à la pelle, Le Créateur et les affres de la création, Enfermé dehors et l’habit qui fait le moine en passant par le Vilain (mais pourquoi était-il si méchant?), le voilà revenu, presque apaisé, avec 9 mois Ferme. Car ce dernier film s’éloigne peut-être des sujets ravagés et déjantés abordés par l’acteur cinéaste, sans se départir pour autant de sa profonde humanité, voire de son humanisme à fleur de peau qu’il cache tant bien que mal derrière son humour aiguisé et sa pudeur.

Ariane Felder est de celles qui ont fait passer leur carrière avant leur vie personnelle. Jeune juge ambitieuse d’apparence stricte et pincée, elle se laisse entraîner le soir du nouvel an par ses collègues qui arrosent le passage de la nouvelle année… De verres en aiguilles, elle finit la soirée passablement éméchée… Six mois plus tard, suite à des nausées et vomissements, elle consulte son médecin et apprend avec stupeur qu’elle est enceinte de 6 mois… Le calcul est vite fait… Usant de son pouvoir de juge, elle fait des recherches en paternité et apprend avec stupeur que le père de l’enfant n’est autre qu’un cambrioleur multi récidiviste récemment arrêté pour avoir découpé à la meuleuse et dévoré les yeux d’un vieux veuf l’ayant surpris au cours d’une effraction…

La rencontre entre le juge et le voleur, passablement improbable n’en reste pas moins possible et c’est dans cette possibiloité là, si infime fut-elle, que s’engouffre toute l’humanité du film. Dupontel surjoue avec délectation, comme souvent dans les films qu’il met en scène. Son personnage, peu gâté par la vie et quelque peu bas de plafond contraste formidablement bien avec la finesse et l’intelligence de la jeune Juge, interprétée avec une grande justesse par Sandrine Kiberlain dont les regards en disent parfois plus que de longs dialogues (pourtant finement ciselés). Mais la galerie de portrait ne s’arrête pas, et de loin, à ces deux rôles principaux. Beaucoup feront date, de Philippe Duquesne qui incarne un médecin légiste aussi inquiétant que déjanté en passant par Philippe Duquesne dont le rôle d’avocat bègue et son inoubliable plaidoirie, sans oublier Bouli Lanners , formidable policier technicien de vidéo surveillance… Tous les rôles semblent avoir été concoctés avec amour et délectation par un Albert Dupontel particulièrement inspiré, et magnifiquement incarnés par des acteurs de grand talent. La présence de gueststar tel Jean Dujardin (formidable traducteur en langage des signes) et de l’immense Terry Gilliam (en inquiétant clone de Charles Manson) s’avèrent aussi inattendue que percutantes… Les flashs d’infos son à regarder avec vigilance, le cinéaste s’étant amusé à émailler ses flash d’infos de nouvelles aussi déjantées qu’hilarantes…

Si le film est moins cynique que ses premières œuvres, 9 mois Ferme Dupontel n’a rien perdu de son mordant et de son inventivité. Le film est excellent et a le don de vous mettre de bonne humeur en nous réconciliant, pour un temps au moins, avec le genre humain. Réservez d’ores et déjà une heure trente de votre temps le mercredi 16 octobre 2013, vous ne devriez pas le regretter!