Ce cinquième opus de Cesare de Fuyumi Soryo immerge une fois de plus le lecteur dans l’Italie de la Renaissance aux côté du jeune Angelo Da Canossa, étudiant de basse extraction poursuivant ses études aux côté du charismatique Cesare Borgia dont le père cardinal pourrait bien coiffer sous peu la tiare de saint Pierre.

La naïveté d’Angelo et sa méconnaissance des règles de fonctionnement du milieu universitaire permettent à l’auteur de nous faire découvrir peu à peu cette époque et ce personnage emblématique qui inspira son Prince à Nicolas Machiavel. Négociateur de talent, évêque rompu à l’art de la guerre, tantôt enfantin et émerveillé de découvrir le peuple, tantôt froid et calculateur, Cesare se fait tour à tour charmeur et inquiétant, tant et si bien qu’Angelo a bien du mal à savoir si Cesare l’utilise ou s’il s’est piqué d’une réelle amitié. Pour la première et sans doute dernière fois de sa vie, sous prétexte d’enquêter sur l’incendie de la manufacture, Cesare va frayer avec les gens du bas peuple et, l’espace d’une parenthèse volée à ses gardes du corps, avoir l’impression de vivre des histoires de jeunes de son âge.

L’album se focalise sur un simulacre de guerre qui va opposer les différents cercles d’étudiants, cristallisant les rancœurs et les haines. Le cercle français va tenter de profiter de ce combat à armes mouchetée pour faire payer à Cesare son arrogance et se venger de des humiliations passées. Le combat, bien que factice, va devenir l’enjeu d’une féroce lutte de pouvoir et la violence va s’y déchaîner. Cesare va faire montre d’un grand sens tactique, mettant à mal des adversaires plus puissant que lui mais y laissera sans doute quelques plumes.

Ce cinquième opus s’avère une fois encore un excellent titre qui complète peu à peu le portrait de ce jeune homme, archétype du prince de la Renaissance, arraché trop tôt à l’enfance pour être plongé par son père dans des jeux de pouvoir et d’influence, alors même qu’une partie de lui n’aspire qu’à vivre une vie simple. Mais cela est impossible quand on porte le patronyme des Borgia, famille dont l’influence ne cesse de croître au Vatican… Un chef d’œuvre du neuvième art, tout à la fois instructif et captivant…