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La main qui nourrit
Le Tueur



Fiche descriptive

Thriller

Le Tueur

Tome 12

Matz

Jacamon

Casterman

Ligne Rouge

13 novembre 2013

Chroniques
Modus vivendi
Superbement dérangeant.
Le Commun des Mortels
piège en eaux troubles
L'Ordre naturel des choses
le dessous des cartes
Concurrence déloyale
le tueur d'espoirs
La main qui nourrit
Perte(s) de repère(s)
lignes de fuite
Autobiographie d’un tueur nihiliste

Le Tueur a repris du service. Mais l’élimination (judicieuse) d’un agent de la C.I.A. présente un inconvénient : attirer l’attention. Haywood, l’associé du Tueur dans la compagnie pétrolière Petroleo Futuro Internacional, conseille à ce dernier de se faire discret et d’oublier temporairement leur ami commun Mariano, trop préoccupé par sa nouvelle carrière politique en Colombie… Et de fait, lorsqu’il croise Mariano à Bogota, le Tueur sent bien que leur relation a changé. À commencer par l’ingrédient indispensable lorsqu’on partage tant de secrets gênants : la confiance.

Par la suite, suivi par des inconnus en Martinique puis à La Barbade, le Tueur va pouvoir vérifier que son intuition était juste. Mais pas de la façon dont il l’imaginait : Mariano, son garde du corps éliminé, a soudainement disparu…La main qui nourrit
un excellent album!


Perte(s) de repère(s)
Le Tueur poursuit sa route semée d’embûches et de cadavres avec ce douzième opus.

Dans les épisodes précédents, le Tueur s’est associé à Mariano et Haywood pour fonder la Petroleo Futuro Internacional qui tourne à plein régime depuis plusieurs années. Mariano se prend à rêver d’une carrière politique alors que le Tueur peut penser à une vie paisible avec sa famille… Mais les habitudes ont la dent dure et Mariano n’hésite pas à solliciter son ami pour se débarrasser de certains concurrents gênants. Dans le tome précédent, il avait éliminé un homme à la demande de Mariano. Mais ce dernier s’était bien gardé de lui dire que sa cible travaillait pour la C.I.A.

Le Tueur, planche du tome 12Suivant les conseils avisés de Haywoodle tueur décide de se mettre au vert, le temps de se faire oublier et afin de ne pas attirer l’attention des américains sur la Petroleo Futuro Internacional. Avant de prendre le large, il rencontre une dernière fois Mariano, constatant qu’entre lui et ce dernier, la confiance ne semble plus être de mise… Durant son escapade en famille, le tueur se sent suivit et observé, tant à la Barbade qu’en Martinique. Qui a lancé ces limiers sur sa trace? Haywood lui apprend alors que le garde du corps de Mariano a été tué et que ce dernier a été enlevé dans un quartier louche de Bogota où tout laisse à penser qu’il s’adonnait sans doute à son vice… Le tueur et Haywood mènent l’enquête, aidé par le parrain qui ignore encore tout des addictions de son filleul.

C’est toujours avec un plaisir évident que l’on ouvre un nouvel album du Tueur, série magistrale où les auteurs pointent sur notre société un regard tout à la fois cynique, désabusé et plein de lucidité. Les introspections du tueur confèrent au récit une lenteur savoureuse, dynamitées par les scènes d’actions qui viennent le ponctuer. Le Tueur va une fois de plus marcher sur la corde raide pour venir en aide à celui qu’il considérait comme son ami avant que ce dernier ne l’utilise pour servir ses ambitions, au mépris du danger qu’il lui faisait courir. Le jeu est d’autant plus tendu que si le parrain apprend que les associés de la P.F.I l’ont laissé sciemment dans l’ignorance des travers de Mariano. Les petites frappes qui l’ont enlevé alors qu’il venait s’approvisionner en drogue pour son usage personnel l’ont pris pour un bourgeois plein aux as dont la famille ne manquerait pas de payer rubis sur l’ongle pour le retrouver vivant. Las, c’est au Tueur et à son acolyte qu’ils vont avoir à faire. La poudre va parler, pour le meilleur et pour le pire… C’est peu dire que l’avenir s’obscurcit pour le Tueur qui va avoir fort à faire pour se sortir du bourbier dans lequel Mariano l’a entraîné au mépris de leur amitié…
Le Tueur, planche du tome 12Le lecteur pouvait au fil des tomes éprouver pour le personnage du Tueur une certaine sympathie, grâce à ces monologues introspectifs qui étaient autant de critiques acerbes des travers de notre société faite d’apparences, de faux semblant et d’hypocrisie. Mais, alors que la menace se fait plus pressante, le Tueur va (re)devenir un être froid et violent, dilapidant en quelques planches le capital sympathie accumulé lors des tomes précédents.

Le dessin de Luc Jacamon est une fois encore de toute beauté. La scène d’ouverture présentant un toréro et le taureau donne d’emblée la mesure du talent de dessinateur dont le style affirmé n’est pas pour rien dans le succès de la série. Ses scènes d’actions sont d’un dynamisme impressionnant bien qu’il ait abandonné ce miroir explosé qui fragmentait l’action de façon saisissante. Son remarquable travail sur les cadrages et son sens du détail sont plus que jamais au service d’une histoire captivante mettant en scène l’un des plus remarquable anti-héros dont ait accouché le neuvième art…

De par les évènements qui s’y passe, le tome 12 marque incontestablement un tournant dans la carrière du tueur et le prochain album, qui devrait clore le cycle, devrait s’avérer être particulièrement tendu… S’il n’atteint pas la force du premier cycle, ce troisième arc narratif n’en demeure pas moins d’excellente tenue et nous brûlons d’impatience de connaître la conclusion de cette tragique histoire…
Le Korrigan




Inspiration jeux de rôle

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