Après deux premiers tomes flamboyants plein d’aventures et de mysticisme, Jean Dufaux et Philippe Xavier nous entraîne à nouveau au cœur de la jungle inquiétante qui entoure la cité de la cité aztèque de Tenochtitlan. Le premier diptyque se refermait, laissant les lecteurs s’imaginer seul le destin de Hernando Del Royo, Catalina Guerero ou de la Sauterelle, tous trois ayant presque miraculeusement survécu à leur aventure… Mais Jean Dufaux avait semble-t-il ménagé cette fin ouverte, pour se donner la possibilité de tisser une suite enthousiasmante… C’est chose faite avec ce troisième tome, début d’un ultime ( ?) diptyque qui va conduire les lecteurs à cette tragique nuit du 30 juin 1520 et de la longue traque qui s’en suivit où s’est joué le destin du Mexique et de l’Amérique espagnole…

Cortès envoie Hernando Del Royo recruter les Hiburas, tribu persécutée par Moctezuma afin qu’ils fasse cause commune pour s’emparer de Tenochtitlan. Par chance, La Sauterelle s’est uni à la jeune et délicieuse Tzilli, fille du chef moribond de la tribu. Mais la partie n’est pas gagnée car certains refusent de voir une femme présider à la destinée du clan. Mezago, un puissant guerrier conteste son autorité. Il faudra le vaincre pour s’assurer du soutien des Hiburas et marcher sur Tenochtitlan. Pendant ce temps, Catalina Guerero croupit dans les geôles de la capitale aztèque. Don Velazquez de Cuellar, mandaté par le Roi d’Espagne, vient proposer son aide à Moctezuma pour combattre le renégat Cortès et ses hommes. L’empereur est prêt à entendre ses arguments si ce dernier convainc la prisonnière de lui révéler l’endroit où elle et ses complices ont caché un objet qui lui est précieux, la croix de à l’effigie de Txlaka. Pas sûr que la belle et implacable guerrière se laisse dicter sa conduite par quiconque…

En entremêlant de façon inextricable histoire et mythe sud-américain, Jean Dufaux parvient à renouer avec la magie du premier diptyque. Il installe patiemment les différentes factions pour mieux les entraîner vers le massacre de la « Triste Nuit », scène inaugurale d’une poursuite aussi implacable que sanglante et dont l’issue improbable posera les bases de l’empire colonial espagnol bâtis sur les ruines fumantes de l’empire Aztèque. Le choc entre ces différentes factions promet d’être titanesque. Entre histoire, folie et légendes, il tisse un scénario d’aventure historique superbement mis en scène par un Philippe Xavier au mieux de sa forme.
Car le travail du dessinateur est une fois encore admirable et si l’élégante colorisation de Jean-Jacques Chagnaud rend justice à ses planches, force est de reconnaître que la version noir & blanc est plus impressionnante encore. Fourmillant de détails, son trait précis pose de façon tout à la fois saisissante et efficace le décor, avec une mention spéciale aux scènes se déroulant à Tenochtitlan dans le palais de Moctezuma II ou a cette jungle, à la fois inquiétante et envoûtante, superbement mise en scène par ses soins…
Ce troisième tome de Conquistador s’avère aussi captivants que l’étaient les premiers et cet habile mélange d’histoire et de mysticisme sud-américain, de personnages réels et fictifs, s’avère être particulièrement efficace dans cette série pleine de charmes exotiques et de combats meurtriers. Un très bon album qui ravira sans nuls doutes les amateurs d’Histoire et d’Aventures…