Toute démocratie a ses zones d’ombre, ses cadavres dans le placard qu’elle espère ne jamais voir refaire surface. Avec cette nouvelle série concept, Philippe Richelle scénariste de l’édifiant
Coulisses du Pouvoir et du sublime
Amours Fragiles, nous entraîne dans les coulisses, souvent nauséabondes, des troisième, quatrième et cinquième république, brossant, par le truchement d’une histoire fictionnelle un portait glaçant, mais réaliste, de la France d’après-guerre…
Nous retrouvons le commissaire Coste dans une enquête portant sur le suicide d’un collègue de la DST. Mais de nombreux indices convergeant laisse entrevoir que l’homme a été assassiné. Malgré les lourds soupçons pesant sur la mort de Patrick Zardi, l’affaire est classée sans suite mais Coste n’est pas homme à renoncer si facilement. Dans le même temps, Ange Casoni, désireux de tourner le dos à sa vie de truand, est sorti des Baumettes. Mais on lui fait clairement comprendre que si il a eu le droit à une remise de peine, c’est grâce à un avocat grassement payé par des pontes qui attendent un service en retour : faire pression sur les représentants de la C.G.T. des dockers dont les actions militantes gênent des personnes influentes. Ces histoires parallèles vont on s’en doute se télescoper, pour le meilleur et pour le pire… A force de nager en eaux troubles, le commissaire Serge Coste pourrait bien perdre pied…
Une fois encore, Philippe Richelle se sert d’un cadre historique dense pour échafauder une enquête captivante tout en prenant le temps de développer des personnages tout en nuances et en fragilité. Le background est finement travaillé et immerge le lecteur dans cette époque pas si lointaine. Tout comme le premier tome, cette seconde enquête de Coste frôle l’histoire de façon saisissante en soulignant le rôle trouble joué par les syndicat durant la guerre froide, utilisé sans vergogne par l’un ou l’autre des deux blocs à des fins purement politiques.
Le trait classique, sobre et réaliste d’Alfio Buscaglia est une fois encore d’une redoutable efficacité. Le tout est rehaussé par la couleur de Claudia Boccato, qui assure la mise en couleur des trois séries des Mystères de la République, conférant à l’ensemble une appréciable homogénéité.
Marseille la Rouge est un nouvel excellent opus de cette série ambitieuse et passionnante qui fouillent dans les poubelles de la République Française pour mettre en lumière ses secrets inavouables. Le scénario concocté par Philippe Richelle s’avère à la fois exigeant et extrêmement bien ficelé, avec un cliffhanger des plus percutants… Un polar historique aussi captivant qu’édifiant…