


Pour un lecteur distrait,
Un petit goût de noisette est un recueil d’histoires courtes signé Vanyda, des histoires qui vous fait passer du rire aux larmes et par une large palette d’émotions avec une facilité déconcertante. Pourtant, il n’en est rien… Ces histoires d’amour chorales qui se télescopent forment un tout, solidement charpenté. L’auteur nous invite dans l’intimité de ses personnages, dans ces histoires d’amour en devenir, cernant avec virtuosité ce moment fragile où une attirance fugace peut se transformer en amour… ou n’être qu’un instant éphémère suspendu, pour devenir un regret de n’avoir pas osé, pas pu ou pas voulu sauter le pas…

Chaque personnage va, à sa façon vivre, ces moments fragiles où tout peut basculer. Il y a Corentin, lycéen un peu rêveur, amateur de jonglerie et de photos, dont Eléonore, une fille de douze ou treize ans va tomber follement amoureuse. Les années passent… Et il y a Manon dont la route recroise par hasard celle d’Esteban, rencontré grâce à Erasmus, puis Barnabé, jeune homme bien sous tous rapports qui cherche désespérément l’Amour, alors qu’on retrouve Eléonore qui papillonne d’hommes en hommes sans trop savoir ce qu’elle cherche… Et Aymeric, qui avance à reculons dans une histoire d’amour qui semble lui tendre les bras de peur de briser cet instant fragile où tout est suspendu. Et il y a Margaux, Benoït, Abderrazack qui va réveiller une madeleine de Proust et Christophe qui ne veut plus s’engager dans une nouvelle histoire de peur de souffrir, et il y a Azul puis Milady_75, masque derrière lequel se cache l’un des personnages croisé précédemment…
Un petit goût de noisette entraîne le lecteur dans un chassé-croisé amoureux, tour à tour touchant ou bouleversant. La narration est extrêmement fluide et la lecture de l’album s’avère très ludiques de par les nombreux liens, appuyés ou plus éthérés, qui sont tissés entre ces différentes histoires. A l’instar d’un patchwork, chacune contribue à l’édifice, formant un tout cohérent, magistralement écrit et mis en image, avec la finesse et la délicatesse qui caractérise cette auteure. En abordant l’amour à travers le prisme de ses différents personnages, elle parle au vécu de chaque lecteur, qui se reconnaîtra partiellement dans chacun d’entre eux… Difficile de ne pas être touché par les premiers émois amoureux d’Eléanore, par les hésitations d’Aymeric et de Luna, par les maladresses de Benoît ou par la peur de souffrir de Christophe…
Le trait sobre et plein de charme de Vanyda est en parfaite osmose avec son récit. L’usage subtil de la couleur, discrète mais pleine de charme, souligne les subtilités scénaristiques de façon élégante et

ingénieuse.
Une fois encore, Vanyda fait montre de sa sensibilité et de son incomparable talent à tisser des histoires croisées pleine de tendresse, de justesse et de délicatesse. Sa façon de croquer des scènes de vie est saisissante et c’est avec une facilité déconcertante qu’elle fait naître chez le lecteur une foule d’émotions. J’ai pour ma part été touché par le symbolisme du colis envoyé par Corentin, plusieurs année après sa rencontre d’avec Eléonore… Il y a dans son geste un peu des Passantes de Paul Fort ou à la Princesse et le croque notes de Georges Brassens…
Un petit goût de noisette est un album extrêmement touchant, plein de poésie et de tendresse, qui semble s’enrichir à chaque lecture…