C’est avec un réel plaisir que l’on retrouve, près de quatre ans après le premier tome, la troublante héroïne née de l’esprit fertile de Jean Dufaux et des habiles crayons de Philippe Wurm. Tous deux avaient déjà exploré les travers de la landed gentry dans les caustiques
Rochesters dont Lady Elza est l’un des deux principaux protagonistes. Les voilà donc qui remettent le couvert avec cette série pétillante et pleine d’élégance qu’est
Lady Elza.
Lady Elza est bien en peine de trouver un appartement pouvant abriter ses quelques quatre cent paires de chaussures lorsqu’elle tombe sur ce qui ressemble bien à une affaire en or : un magnifique appartement ayant appartenu au sulfureux journaliste Coco Brown, chasseur de scoop qui a été assassiné et dont le corps a été retrouve criblé de balles. Voilà de quoi piquer la curiosité de la femme indépendante, libre et libérée qui trouble tant la gente masculine. Cependant, il y a une ombre au tableau : tous les précédents acquéreurs de l’appartement ont eux aussi disparu dans de tragiques et sanglantes circonstances… Mais il en faut plus pour effrayer la sémillante Lady Elza qui n’aime rien tant que de connaître le grand frisson de l’aventure… et des aventures!
Le succès d’une série doit tout autant au talent de conteur du scénariste qu’à celui de metteur en scène, de directeur de casting et d’éclairagiste du dessinateur. Et le fait est que le scénario concocté par Jean Dufaux est en parfaite osmose avec le trait plein d’élégance de Philippe Wurm. Tous deux semblent avoir pris un plaisir communicatif à mettre en scène cette femme pétillante pleine de vie et d’envies évoluant dans la haute société londonienne comme un poisson dans l’eau… Sa façon de déstabiliser les hommes par ses réparties troublantes est particulièrement jubilatoire, son (parfois fichu) caractère donnant tout son caractère et sa saveur à cette comédie policière savoureuse et légère qui permet aux auteurs de mettre en scènes des personnages so british particulièrement savoureux et hauts en couleurs.
Le trait de Philippe Wurm semble rendre un hommage appuyé aux maîtres de la ligne claire que furent Hergé ou Jacobs, mais il a su lui insuffler une pointe de modernité très appréciable. Son dessin, tiraillé entre la grande époque de la ligne claire et la nôtre semble synthétiser le paradoxe de la gentry, une société conservatrice aspirant à plus de modernité. Son trait permet d’immerger le lecteur avec une apparente facilité dans les différentes ambiances du récit de Dufaux.
En recentrant l’intrigue sur ce personnage haut en couleur qui se laisse entraîner dans des enquêtes policières, les deux auteurs ont créé une sorte de second cycle, tout aussi savoureux et pétillant que pouvait l’être les Rochesters. Cette
vente Coco Brown est un polar élégant d’une grande qualité esthétique et d’une grande fraîcheur scénaristique!