Inoxydable est un one-shot d’anticipation d’une redoutable efficacité. Sébastien Floc'h, journaliste (à la radio puis sur AB1 et Game One) signe avec ce récit un scénario d’inspiration cyberpunk, servi par un dessin épatant de Steve Baker qui a mis pour se faire sa (jubilatoire)
vie en slip entre parenthèse…
Harry Rockwell manque de peu de s’évader de la prison 103 où il purgeait sa peine. Le mystérieux Visconti qui a fait échouer sa tentative aussi spectaculaire qu’audacieuse va lui proposer un marché qu’il ne pourra pas refuser : Pulsor, le héros justicier adulé des foules, a été enlevé. En échange de sa liberté, Harry, assisté de Zip, robot moralisateur horripilant, va devoir se lancer sur les traces des kidnappeurs… S’il tente de s’éloigner de Zip, une microbombe placée dans son corps le fera tout simplement exploser…
Harry commence son enquête dans les quartiers louches dont il est originaire, renouant avec ses contacts et complices d’avant son incarcération. Mais, bien vite, il comprend que la mission est un piège destiné à masquer une vérité que son mystérieux commanditaire et très politique Visconti veut cacher au grand public… Harry Rockwell va devoir jouer sa propre partition pour espérer sortir libre, et si possible vivant, du traquenard dans lequel il s’est fourré, bien malgré lui…
Dans la plus pure tradition cyberpunk, Harry Rockwell n’est au départ qu’un simple pion dans une partie qui le dépasse. Mais le malfrat, dont le passé reste sibyllin, a de la ressource et des potes sur lesquels il peut compter… Le prologue à la James Bond immerge d’emblée le lecteur au cœur de l’action. du scénario grand écran auquel nous convie Sébastien Floc'h et qui a tous a tout du film à grand spectacle qui divertit sans se prendre au sérieux. Son scénario est truffé de multiples références, de Fort Boyard (qu’évoque la prison 103) en passant par Star Wars, ses décors poussiéreux lowtech et ses robots exaspérants… Mais si le scénario est des plus rafraîchissant, dénonçant de façon légère mais efficace la société du spectacle et l’exploitation des médias à des fins politiques, force est de reconnaître que le dessin de Steve Baker est pour le moins percutant.
Cet auteur, encore trop rare, possède une réelle personnalité et insuffle la vie aux personnages qu’il met en scène avec maestria! Ses planches sont extrêmement fluides et dynamiques et son découpage donne l’impression de visionner un film d’anticipation des plus réussis alors que les décors fourmillent de détails. Ses cadrages, pleins d’audace, s’avèrent très pêchus alors que les trognes des personnages, très archétypales, sont du plus bel effet. Son Pulsor, avatar navrant de Captain America, est quant à lui vraiment très réussit…
Inoxydable est un album grand spectacle qui se lit avec délectation. On regrette presque que les personnages ne soient pas plus fouillés et le décor plus étoffé pour prolonger l’immersion dans cet univers d’anticipation qui en évoque d’autre… On se prend même à rêver d’une suite ou d’un prequel qui viendrait préciser le passé ou l’avenir de certains d’entre eux…
Inoxydable est un album pop-corn qui se lit d’une traite malgré ses quelques cent pages… Plein d’humour et d’action, particulièrement savoureux, on le dévore avec une délectation non feinte, tant pour son scénario enlevé que pour son dessin très typé et bougrement efficace…