


L’épopée des vikings, hommes du nord qui ont mis l’Europe à feu et à sang, a durablement marqué l’Europe médiévale. Commerçants intrépides, pillards et explorateurs, bravant les mers et remontant les fleuves avec leurs terrifiants drakkars, ils atteignirent les eaux de la mer caspienne, la côte africaine et, dit-on, accostèrent aux Amériques, qu’ils baptisèrent le Vinland, près de cinq siècle avant Christophe Colomb… L’un d’eux devint roi d’Angleterre! Ils font partie de notre imaginaire collectif, inspirant auteurs et scénaristes, depuis
les Vikings de Richard Fleischer en passant par la saga du roi Arthur de Bernard Cornwell…

Avec
Northlanders, Brian Wood, le brillant scénariste du glaçant DMZ, s’empare l’histoire vikings pour tisser de nombreuses histoires qui composent une grande fresque historique saisissante. Si l’ombre de l’Histoire plane parfois sur ses récits, il aborde les us et coutumes, les croyances, les forces et les faiblesses d’une civilisation finalement assez méconnue du grand public par le truchement de destins individuels fictionnels. Les puristes pourront regretter quelques raccourcit ou approximations historiques mais Briand Wood ne fait pas œuvre d’historien mais de scalde ou de conteur! Comme le disait avec panache Dumas, qu’importe de violer l’histoire si c’est pour lui faire un bel enfant ! Et c’est le cas avec ces histoires poignantes, épiques et captivantes qui nous font accoster sur les îles britanniques à l’époque des vikings. L’ensemble est mené avec une redoutable efficacité, portée par le graphisme résolument moderne de Marian Churchland, Davide Gianfelice, Danijel Zezelj, Dean Ormston ou Ryan Kelly. La couverture signée Massimo Carnevale est tout simplement sublime, synthétisant en une image la façon dont on se représente les vikings dans l’inconscient collectif.

Publication US oblige (près de 50 numéros!), chaque histoire est développée sur 1 à 8 chapitres, annoncés par une superbe illustration. Chaque histoire, construite autour d’un ou plusieurs personnages, est indépendante et le liant entre elle est le background, la toile de fond historique qui lui sert autant d’écrin que de décor. Les éditions Urban Comics ont fait avec ce premier tome un formidable travail éditorial. Plutôt que de publier ces différentes histoires dans l’ordre chronologique de leur parution US, ils ont réorganisé les histoires en fonction de la zone géographique où elles se déroulent. Cela confère une cohérence à l’ensemble, permettant de mieux appréhender les différentes facettes de ces peuples nordiques, les spécificités de leurs croyances, us et coutumes. Ce premier livre est le
Livre Anglo-Saxon, viendront ensuite le
Livre Islandais et le
Livre Européen.

A travers cinq récits dont l’un n’est qu’un interlude d’un seul chapitre, les auteurs nous invitent à un long et captivant voyage dans le temps, balayant une période allant de la fin du VIIIième jusqu’au début du XIième siècle, nous entraînant, de l’Angleterre à l’Ecosse en passant par l’Irlande, à la découverte d’un peuple, à travers leur propre regard ou à travers celui de ceux qu’ils affrontèrent… Il y a un souffle épique, de la fureur, du sexe, de la folie, et du sang dans ces récits et si chaque dessinateur apporte sa patte graphique à l’histoire qu’il met en scène, l’ensemble n’en reste pas moins remarquablement cohérent.
Les notes historiques de Patrick Weber viennent préciser le contexte de ces récits épiques et sanglants de façon concise et pertinente alors que dans sa postface Brian Wood revient sur la genèse de cette formidable fresque viking…
Le Livre Anglo-Saxon, premier opus de cette saga des Northmen, a beau faire près de cinq cent pages, il se lit d’une seule traite tant il les histoires sont bien écrites et fort joliment mis en images par une poigné d’auteurs de talent. Le remarquable travail d’édition réalisé sur la série la rende tout simplement indispensable à tout amateur de saga nordique…