Plus le temps passe et moins l’issue d’un match semble devoir se décider sur un terrain football. Les plus grands clubs européens sont contrôlés par des puissances financières parfois peu scrupuleuses. Les paris sportifs drainent des millions d’euros et l’appât du gain est la porte ouverte à toutes les corruptions et autres malversations, des juteux transferts aux matchs truqués. Même l’attribution des coupes du monde, dont les prochaines iront à la Russie et au Qatar, est sujette à caution. Avec IR$ Team, Stephen Desberg, Marc Bourgne et nous entraînent dans les coulisses nauséabondes du foot bisness ou la vie d’un homme ne vaut que les dollars qu’elle peut rapporter…

La Coupe du Monde qui approche aiguise l’appétit de financiers bien décidés à s’enrichir. Joueurs et dirigeants de la FIFA corrompus ne sont pour eux que des leviers pour accroître leur fortune. Larry Max et sa fine équipe vont tenter de mettre à jour les mécanismes de corruption qui gangrènent le football international et poursuivent le rêve utopique d’un football propre en lui rendant ses lettres de noblesse. Mêlant habilement fiction et réalité, Stephen Desberg crée un scénario dynamique aux nombreuses ramifications, subtil dosage d’enquête et d’action. La façon dont Larry Max va donner un coup de pied dans la fourmilière est particulièrement savoureuse et la chute de cette tétralogie, avec cette dernière phrase qui remet les dernières pages en perspectives, est un petit bijou de noirceur et de pessimisme.

Ce scénario tendu à souhait est porté par le dessin réaliste et bougrement efficace de Marc Bourgne et Daniel Koller. Leur trait élégant ancre le récit dans notre époque de façon efficace et convaincante.

Cette série fera sans nul doute grincer des dents aux afficionados du football qui s’enthousiasment et s’illusionnent en imaginant que le résultat d’un match dépend des actions de 22 joueurs et des décisions d’un arbitre. Mais le fait est que ce spin-off d’I.R.$ est, comme la série-mère, tout à la fois édifiant et captivant… A l’heure où on ne compte plus les scandales gravitant autour du mondial du Qatar, entre corruption et esclavagisme moderne, cette tétralogie s’avère salutaire et on se prend à rêver que le sport redevienne du tout simplement du sport…