Comme son titre l’indique,
Rédemption raconte l’histoire d’une rédemption, celle d’un croisé revenu de Terre Sainte après y avoir abandonné ses illusions et une partie de son honneur…
Saladin vient de reprendre la ville sainte de Jérusalem et déjà le pape Grégoire VIII lance des appels à une nouvelle croisade pour reprendre le tombeau du Christ. Bernard le pèlerin, moine cruel et sans pitié, sillonne le Comté du Rouergue, semant la terreur dans son sillage. Il a reçu pour mission du souverain pontife de lever une armée. Pour se faire, il a recours aux services de brigands soi foi ni lois prêt à toute les exactions. C’est alors qu’un jeune paysan vient quérir les services d’Adhémar de Montfort, un chevalier vieillissant qui vit en marge du monde. Ancien croisé rongé par le remord et la culpabilité, il refuse tout d’abord de sortir de sa retraite mais les exactions de Bernard le pèlerin l’incitent à revêtir l’armure et à ceindre son épée pour défendre l’idéal de chevalerie pour lequel il fit autrefois couler le sang… Il renoue alors contact avec ses anciens compagnons d’armes que le passé et les atrocités commises en Terre Sainte au nom du très haut n’ont pas fini de hanter… Tous sentent confusément que cette mission pouraient bien être leur rédemption…
Le propos de ce récit médiéval tient incontestablement du western. Un prédicateur fou faisant régner la terreur sur une bourgade isolée, un vétéran retiré des affaires rongé par son passé appelé à la rescousse par des villageois désespérés… Cela ressemble fort au prémisses de nombreux western, à commencer par le sombre et dérangeant
Impitoyable du grand Clint Eastwood… La tansposition à l’époque médiévale se fait néanmoins sans heurts. Sur fond d’hérésie cathare rampante (la croisade des albigeois sera lancée quelques années plus tard) qui sert de prétexte à Bernard pour faire pression sur les villageois et la noblesse locale, le récit se sert d’une toile de fond ténue mais présente pour développer et mettre en scène un personnage de chevalier vétéran tourmenté par son passé…
Le travail graphique de Lajos Farkas qui signe à notre connaissance son premier album, est impressionnant de maîtrise… La mise en couleur, résolument sombre, entre en résonnance la noirceur du récit et la scène introductive de l’album, souvenir des atrocités commises au nom de Dieu, s’avère particulièrement efficace…
A partir d’ingrédients somme toute assez classiques, les auteurs sont parvenus à tisser un western médiéval plutôt efficace porté par un personnage tourmenté pas les affres de son passé qui va voir dans ce dernier combat son ultime chance de rédemption… Dévotion pose les bases d’une série sombre et aventureuse prometteuse, pleine de fureur, de folie et de sang…