Porté par le récit historique et uchronique de Stephen Desberg et le remarquable dessin d’un Enrico Marini particulièrement inspiré, remettant au goût du jour un genre tombé en désuétude, le
le Scorpion est rapidement devenu une référence de la bande-dessinée de cape et d’épée. Au fil des tomes, le succès de la série n’a cessé de se confirmer… Le récit tissé par le prolifique Stehpehn Desberg assisté de Enrico Marini, plonge ses racines dans l’antiquité romaine et se poursuit avec un onzième tome riche en mystères et fertile en rebondissements…
Après les fracassantes révélations du tome précédent qui ont vu le nom du père du Scorpion enfin dévoilé, notre bretteur hors pair doit faire face à un assassin qui semble bien décidé à mettre un terme à la lignée des Trebaldi et à leur arracher le secret qui a assuré la survie de leur famille… Le premier à mourir n’est autre qu’Orazio Trebaldi, le père du Scorpion et dont le mystérieux assassin semble rivaliser et même surpasser le Scorpion par l’esprit comme par l’épée…
Il y a semble-t-il une volonté des auteurs de clore le cycle précédent en enfonçant un à un les clous dans un cercueil pour un enterrement en grande pompe. On songe à la fin de la saison IV de Game of Throne qui voyait des figures majeures de la série succomber lors des Red Wedding (les noces pourpres), l’un des évènements les plus marquants de la série… Une façon de démarrer ce nouveau cycle rapidement en entraînant le lecteur aux sources du pouvoir des Trebaldi et à la façon dont ils sont parvenus à se hisser parmi les huit familles qui se partageaient le pouvoir à Rome…
L’histoire chorale où se croisent et se recroisent les différents personnages de l’intrigue est une fois encore d’une redoutable efficacité. De révélations en scènes d’action virevoltante, de retrouvailles en duels sanglants, de poursuites sur les toits en filatures discrètes, d’assassinats sanglants en retrouvailles impromptues, de scènes sensuelles en complots séculaires, le récit est mené tambour battant sur un rythme échevelé.
Les libertés prises par les scénaristes (Enrico Marini en est le coscénariste) avec l’histoire, telle l’élection papale bouclée en quelques jours malgré le contexte des plus troublés, ne font que renforcer l’impact du récit… Pour reprendre la formule de Dumas, « Qu’importe de violer l’Histoire, pourvu qu’on lui fasse de beaux enfants ! »...
Alors que le héros a appris les secrets de ses origines, voilà qu’il apprend qu’il est peut-être lui-même père… Et il aura fort à faire pour protéger sa progéniture des sombres agissements de ce mystérieux assassin…
Le dessin d’Enrico Marini est comme toujours élégant et sa mise en couleur tout simplement somptueuse. Ses cadrages dynamiques et son découpage diaboliquement efficace confèrent à la série une dimension cinématographique des plus appréciables. Son travail sur les ombres et la lumière est des plus appréciables et il n’a pas son pareil pour mettre en scène des scènes de combats ou des poursuites endiablées…
La série emprunte aux codes du genre pour tisser un récit d’action sombre et captivant qui s’inscrit dans une uchronie se situant quelques lustres avant la Révolution qui embrasera bientôt la France et l’Europe… La série conserve sa vigueur et sa fraîcheur et ce onzième tome pose les bases d’un nouveau cycle qui s’annonce des plus passionnants…