La nouvelle Jeanne est le nouvel opus de cette captivante série historique qu’est François sans nom qui met en scène un personnage qui pourrait bien être François Villon, le Prince des Poètes…

François et Félyzée sont lancés sur les routes peu sûr d’un Royaume de France encore meurtrit par la guerre par cent ans pour fuir la colère de l’évêque Thibault d’Aussigny. Telles des bêtes traquées et affamées, ils se réfugient au cœur d’une forêt où la providence à fait s’établir un campement… Les deux compères décident de s’y engager pour tenter de trouver quelques pitances… Mais leur vigilance est émoussée par la faim et le froid qui les tenaillent et ils tombent rapidement entre les mains des gueux qui gardent l’endroit… Alors en très mauvaise posture, ils ne doivent leur salut qu’à l’intervention d’une jeune femme vêtue en homme et qui semble avoir autorité sur cette petite troupe…
Cette dernière leur propose de choisir de rejoindre la troupe et de les aider à rétablir la véritable autorité du Christ sur Terre ou être crucifié pour avoir tenter de les attaquer… Cette jeune femme, sûre d’elle et guidée par sa foi, c’est la Nouvelle Jeanne, le bras armé du Christ…

Sylvain Runberg et Sylvain Ricard signe un nouvel opus de cette série historique qui immerge le lecteur dans un moyen-âge réaliste et froidement crédible où la misère règne en maître dans les villes et les campagnes. Entraînés bien malgré eux dans cette épopée johannique, entre mensonges et trahisons, batailles et dépits, nos deux héros vont avoir fort à faire pour sortir indemnes du guêpier dans lequel ils se sont fourrés… Félyzée va découvrir les affres de la jalousie, aiguillée par les agissements de la nouvelle Jeanne, bien moins chaste que celle qui fit roi Charles VII.

Le dessin réaliste de Marco Bianchini met fort joliment en scène ce moyen-âge agonisant avec force de détails. Son découpage s’avère très fluide, servant au mieux ce récit tout en l’ancrant solidement dans l’Histoire.

Cette histoire apocryphe de ce qu’aurait pu être la vie de Villon après sa disparition des radars de l’histoire se lit une nouvelle fois avec un réel plaisir. Poursuivant l’œuvre de Jean Teulé (et sa superbe adaptation en cours signée Luigi Critone) qui a donné chaire au poète, elle prend le temps de décrire l’âpreté de l’époque où la vie ne tenait bien souvent qu’à un fil ténu tout en esquissant le portrait d’un homme haut en couleur qui fut brigand, poète, assassins, amis des mendiants comme des rois …