Parmi les récits d’aventure qui parle à notre âme d’enfant,
l’Île au Trésor, chef d’œuvre de Robert Louis Stevenson, a su conserver sa force et sa fraîcheur. Mainte fois adapté au cinéma ou à la télévision, il a fait l’objet de multiples adaptations en album, d’Hugo Pratt / Mino Milani à Michel Faure/François Corteggiani en passant par Fred Simon/David Chauvel ou la formidable suite imaginée par Mathieu Lauffray et Xavier Dorison… Sébastien Vastra s’empare à son tour de cette histoire pour en proposer une version antropomorphique particulièrement enthousiasmante…
Pour qui rêve d’aventure, le regard tourné vers l’horizon, l’avenir de commis de cuisine dans l’auberge familiale n’est guère enthousiasmant.
Mais lorsque le vieux Bill Bones débarque à l’auberge avec coffre et des souvenirs plein de fureur et de sang, c’est le destin qui frappe à la porte… Jim est fasciné par ce vieux loup de mer alcoolique et colérique qui semble cacher de bien sombres secrets. Chaque jour, il arpente la côte, scrutant l’horizon, comme s’il attendait quelques noirs fantômes de son lointain passé…
Difficile de résister à l’appel de l’Aventure qu’inspire cette superbe couverture, magistralement composée et superbement bien dessinée. De ce spectre menaçant armé jusqu’aux dents à ce jeune homme courageux au regard déterminé, le fait est qu’il est impossible de ne pas ouvrir l’album… Et les planches, superbes, de Sébastien Vastra achèvent d’emblée de nous convaincre. Elles sont de toute beauté. Le découpage est tout à la fois audacieux et efficace et ses cadrages s’avèrent dynamiques et incroyablement percutants.
Son approche anthropomorphique de l’histoire paraît presque comme une évidence tant elle se prête à la mise en scène de ce formidable récit d’aventure… Le casting est tout simplement impeccable! Chacun de ses personnages est formidablement campé par un animal qui le caractérise au mieux, mettant en exergue ses principaux traits de caractères. Son travail graphique, superbe, n’a rien à envier à Blacksad des formidables Juan Díaz Canales et Juanjo Guarnido.
Le scénario est quant à lui solidement charpenté. S’inscrivant dans la veine littéraire dont il est tiré, il est à l’image de son dessin somptueux : une invitation au voyage. On se laisse captiver dès les premières pages pour embarquer avec Jim à bord de l'Hispaniola pour voguer, toute voile dehors, vers l’île au trésor. Les scènes clefs du roman sont parfaitement retranscrites et l’auteur parvient, avec une déconcertante facilité, à nous faire ressentir l’appel du large et de l’aventure qui anime le jeune Jim et s’empare bien vite du lecteur…
Disons-le tout net : ce premier tome est un petit bijou qui laisse augurer une tétralogie haute en couleur. Portée par un dessin superbe et une narration impeccable, le récit s’appuie sur l’un des plus formidable roman d’aventure pour en proposer une adaptation de haute tenue. Le talent de Sébastien Vastra explose littéralement avec ce premier tome dont l’aproche zoomorphique apparaît comme une évidence dès les premières pages… Mené de main de maître , il ravira n’en doutons pas tous les amateurs de récit d’aventure et de flibuste…